
En cadeau voici une rétrospective de notre Noël 2019, sans confinement à Malaga, lors de notre grand voyage à vélo.
Petite video que nous ne pouvions mettre sur le blog My atlas.
Trouvez ci dessous ce conte de Noël plein de tendresse et d’humour.
Écrits par Françoise et Alain des amis cyclistes Belges qui nous suivaient sur notre blog lors de notre périple aux deux extrêmes de l’Europe. Quand ils se sont rendu compte que l’on passait pas loin de chez eux ils nous ont invité à venir pousser leur porte, ce que nous avons fait.
Depuis nous sommes en contact, ils ont fait partie des amis qui nous ont accueillis lors de notre arrivée le 13 septembre et aujourd’hui ils font cadeau à la communauté « rêve2bohèmes » de ce texte croustillant de beauté, de simplicité et de jeux de mots.
Merci a tous les 2!
Belle lecture!
« Dans la grande forêt d’Ardenne, bien à l’abri du vent du Nord, vivaient quatre petits sapins copains comme cochons. Sapinnain était le plus grand d’entre eux, Sapinturlure la plus coquette. Les jumeaux farceurs, Sapinpon et Sapinponette, complétaient le quatuor. Parés d’un magnifique branchage fournis et régulier, ils avaient une allure fière ; les conifères. Et ce vert ! Chantant tels les mots de Prévert : comment le définir ? Vert comme… vert comme des sapins de Noël, la belle affaire !
Un peu à l’écart de leurs congénères, du matin au soir depuis tout petits, ils jouaient et faisaient des blagues. Faire des guiliguilis aux petits oiseaux posés sur leurs branches, piquer mouches et bourdons de leurs aiguilles, faire des croche-pieds aux chevreuils et aux sangliers : autant de farces dont ils ne pouvaient se garder. Les croque-mitaines en riaient aux éclats.
Le pauvre Monsieur Lapin en fut victime un jour de grand soleil. Il voulait, à l’ombre des petits sapins, profiter de la douceur des alisiers des tropiques pour se reposer. Lorsqu’endormi il se mit à ronfler, les coquins petits arbres se sont un peuplier pour s’écarter le plus possible les uns des autres. Fort, si fort que le soleil brûla la peau du malheureux animal ne se rendant pas compte de la catastrophe qui l’attendait. Il se réveilla avec un terrible coup de soleil sur son côté gauche. Le soyeux pelage était complètement tombé et l’érable tout craquelé. Depuis on l’appelle : mi-lapin-mi-crapaud ; il ne sait comment noyer son chagrin.
Les saisons se sont succédé, les petits sapins ont à présent cinq ans. Devenus de jolis petits arbres, Ils se pavanent sous le ciel bleu de l’été amplifiant leurs belles couleurs. Sapinturlure a même accroché fleurs de marguerites et poils de chevreuil dans ses branches pour faire sa chochotte.
Un jour, un drôle de petit oiseau se posa sur une branche de Sapinnain. Les petits blagueurs aux aguets se mirent à chuchoter entre eux. En un instant la branche portant le petit drôle s’est ramollie ; comme un spaghetti trop cuit. Elle s’est écroulée le long du tronc et badabam, sapin lamentablement !
«Eh, eh ! » rouspète le petit oiseau, « vous n’êtes pas gentils avec moi. Je l’ai vu petits conifères : vous marronnier! Avec votre cervelle de petit poirier, vous ne rirez pas longtemps ! »
Étonnés d’être interpelés en sapin, les quatre petits arbres se regardent hébétés. Sapinponette demande timidement en ronronnant :
«Qui es-tu toi qui sais parler notre langue avec le débit d’un robinier ? »
«Je suis la Fée Doris et je suis venue vous confier un secret. Si vous êtes sage évidemment ! » Sapinnain et ses copains sont surpris : une fée ? Une sorcière sans doute ! Une châtaignée envoyée par mi-lapin-mi-crapaud se disent-ils.
Fée Doris voltait d’un arbre à l’autre en chantant une petite chanson : « Mon beau sapin, roi des forêts…hi hi hi » elle s’éloignait en riant et finalement se posa sur la tête de Sapinpon.
«Écoutez-moi ! Sylva, la reine des fées de la forêt, m’a envoyée jusqu’à vous. »
«Il y a des fées dans la forêt ? Pourquoi ne les avons-nous jamais vues ? » susureau ciel Sapinturlure. «Vous ne les avez jamais vues parce qu’ici ce n’est pas vraiment la forêt ; c’est une culture de petits sapins. Je suis venue vous prévenir : bientôt on va venir vous couper pour faire de vous des décorations de Noël !»
«Tu te moques de nous et thuya encore dit des mensonges !» dit Sapinpon qui se met à faire la sirène tant il est fâché.
«Nous couper le pied ?» dit Sapinponette «ébène, ça doit faire très mal, je ne veux pas mourir moi !»
«C’est pour cela que la Reine Sylva m’a confié la mission de vous aider à vous échapper.»
«Mais Fée Doris, nous avons des racines, nous ne savons pas partir, un arbre n’a qu’un pied et il est enterré.»
«La Reine y a pensé. Toutes les cinquante lunes, elle a le privilège d’un sortilège spécial. Elle m’a chargé de le réaliser avec ma baguette magique : c’est mon bouleau, ma façon de gagner mon pin ! Vous êtes prêts ?»
«Abracadabra, racine de sapin et jambes de bois, donne des orteils et que ça ne se voit pas !»
Instantanément le carré, de tout son hêtre, tremble. Rouges-gorges et mésanges s’envolent effrayés. Les araignées tombent au sol, fourmis et souris ne savent plus où courir. Que s’est-il donc passé ? «Je ne sais pas vous donner de pieds palmiers pour fuir » dit la petite fée «alors je vous ai chacun donner cent orteils. Yucca remuer vos racines, vous allez comprendre !»
«Un ver de terre me fait des bisous entre deux orteils, ça me cornouiller ça me chatouille! Entre lesquels cela peut-il bien être ?» dit Sapinpon
«C’est comique, quand je les remue, ils font le même buis que la taupe qui vient parfois nous dire bonjour» dit Sapinponette
«Arrête Sapinponette, tu m’aplatanes ! Mélèze donc pas tes orteils sur les miens ; ils grattent, tu devrais couper tes ongles !» se plaint Sapinnain.
«Houx-la-la, quel travail pour me mettre du vernis à ongles ! Il m’en faudra au moins deux ou trois pots» dit Sapinturlure d’une voix pincée.
«Bon, les petits résineux, c’est fini? Je peux parler ?»
Un peu honteux, les sapins cessent de glousser et de se dandiner à la manière de poules sur leur nid. Le calme revient ; ils écoutent religieusement la Fée Doris.
«Il vous faudra remuer les orteils pour pouvoir sortir vos racines du sol et briser vos chênes. Une fois libérés, il va falloir discrètement gagner la clairière dans le bois. Vous verrez, ça ne manque pas de charme ! En faisant des pas d’orteils, vous n’irez pas très vite, deux mètres par jour tout au plus. Il reste quatre mois avant que l’on vienne pour vous couper, marchez tous les jours ! Je viendrai vous rendre visite dans vos nouveaux appartements. Bon voyage petit sapins !»
«Merci et à bientôt Fée Doris ! »
Pschitt, boum et ratatoum, en trois pirouettes la petite fée a déjà disparu.
Nos quatre petits amis n’en reviennent pas. Quelle étrange histoire ! La surprise passée ils testent leurs nouveaux pouvoirs ; dodelinent comme des canards et remuent les orteils. Ils se démènent tant et plus qu’après deux jours leurs racines sortent du sol.
Pour ne pas éveiller l’attention, ils se mettent en route à la nuit tombée. Lentement, lentement. Si lentement que même les escargots les dépassent d’un air dédaigneux !
Lorsqu’arrive potron-minet vite, ils cachent leurs racines sous les feuilles. Epuisée, Sapinponette s’écrie à la cantonade : «Allez, o li vier strouck et dodo !» Ils dorment toute la journée, trop fatigués pour faire des blagues.
Tôt ce matin-là, une grosse jeep frêne bruyamment et s’arrête non loin. Le vacarme réveille les fugueurs en sursaut. Un bel orme, un nordmann nommé Douglas en descend coiffé d’un grand chapeau. Il passe entre les lignes de sapins d’un air songeur. Soudain il saisit son téléphone : «Allô Claude, les sapins de la 134 sont bons à couper. Il faudra venir les marquer !»
«Oulala ! Elle avait raison la Fée Doris : saule-qui-peut ! Il nous faudra avancer de jour aussi, chaque fois que c’est possible» décident nos amis.
Un jour, mi-lapin-mi-crapaud, prit d’un coup de bambou, cherche à se reposer à l’ombre. «En me mettant au lila, bien contre le tronc je ne ramasserai pas un nouveau coup de soleil» se dit-il en s’allongeant sur son côté dépilé. Il s’est réveillé tout rouge et brûlant, le coudrier de crevasses.
Grattant son crâne dékaki et à moitié dégarni, il ne comprenait pas :
«Comment ai-je pu rouler si loin? Epicéa gauche des sapins que je dormais… mystère !»
Le pauvre a perdu le reste de sa belle toison, seul le bout de sa queue reste garni de quelques poils ! Depuis toute la forêt l’appelle crapaud-crapaud. Genêt et grelotant le triste lapin porte des pulls à col roulé en plein été pour ne pas attraper un rhume.
Un matin, plusieurs employés sont venus coller des morceaux d’adhésifs de différentes couleurs à la pointe des sapins. Ils en ont collé également sur nos quatre petits amis qui retenaient leur respiration, cachaient leurs orteils du mieux qu’ils pouvaient s’efforçant d’être le plus naturel et le plus discret possible. L’ouvrier étonné s’est exclamé : « les gromarins, quelle idée de planter cyprès du bord du champ, c’est très bizarre !»
Pour fin octobre, les quatre compères avaient rejoint la clairière. Ils avaient avancé presque jour et nuit et n’en pouvaient plus. Dès les racines enfouies profondément dans la terre ils pouvaient enfin se reposer.
Endormis depuis des jours et des jours d’un si profond sommeil, ils ne se sont pas aperçus que de multicolores feuilles de hêtres et de chênes les recouvraient petit à petit. Les araignées ont tissés mille et une toiles entre les branches, l’écureuil a accroché noisettes, faînes et glands sur ces dormeurs sans réaction. Une famille de souris a même construit un énorme nid suspendu aux aiguilles. Cela févier ; un peu viornement de grand-mère. Les petits sapins, eux, dormaient : on les entendait ronfler !
La veille de Noël, la nature s’est recouverte d’une fine couche de neige. La clairière était calme et sereine : une ambiance de grand m’aulnes. Tout à coup, tel un aéronèflier, un grand éclair lumineux traversa le ciel redevenu entièrement bleu. Un drôle de petit oiseau se posa sur Sapinturlure. Mais l’oiseau n’en était pas un, c’était la Fée Doris ! D’un coup de baguette magique, elle transforma les adhésifs collés sur les pointes en étoiles lumineuses tournicotant au gré du vent.
«Abracadabra, sapins de Noël et crèche en bois, envole les orteils et réveille ces fainéants-là !»
Les petits sapins, tout doucement, sortirent de leur torpeur. L’un et l’autre rayonnaient de lumière provenant d’on ne sait où ; ils se sont regardés ébahis. « Ouftilleul… acacia beau! » Couverts de neige, de feuilles, de toiles d’araignées brillantes et de noisettes cela formait un buisson ardent de guirlandes et décorations comme on n’en avait jamais vu.
«Que c’est grandiose petite fée, merciiii… ! »
Assise sur la plus haute branche de Sapinnain, la Fée Doris chantait des chants de Noël de sa petite voix cristalline : « If i was a carpenter… » Autre chose que Chantal Séquoia !
La Reine Sylva vint admirer la clairière rayonnante, elle troène au milieu de toutes les fées qui l’accompagne. Les animaux de la forêt, intrigués approchèrent prudemment pour voir ce qu’il s’y passait. «C’est donc ici que nous fêterons Noël cette année» dit Bois de Violette le grand cerf. La Fée Doris distribua à chacun l’un des nombreux cadeaux arrivés par enchantement aux pieds des petits sapins.
A ce moment, Henri le papa souris sortit de son nid et dit : «Mon épouse Magali vient d’accoucher de dix-sept petits tout mimi. Le soir de Noël, j’en suis ravi ! J’y retourne, cela en fait des langes salis !»
Les quatre petits copains se tenaient tout penauds. Ils venaient d’apercevoir crapaud-crapaud grelotant sous son pull à rayures. On aurait dirait un marcassin maigre comme un fagot.
«Gentille fée, nous avons fait une mauvaise blague à Monsieur Lapin. Nous aimerions nous faire pardonner notre pêcher. Peux-tu nous aider ? Ce serait trop forsythia arrive »
«Vilains coquins, il ne faudra plus recommencer, d’accord ? Pour votre punition donnez-moi chacun sans tricher vos plus belles aiguilles. Voyons voir, voyons voir… Il me reste dans une malle un costume de prestidigitateur que je cèdrerai avec plaisir… mmmh, quelques retouches… un peu de magie… Attention, crampommier-vous !»
«Abracadabra, aiguilles de sapins devenus sages, costume de malle de Zavata, d’un chaud et confortable pelage, recouvre ce lapin qu’il n’ait plus froid!»
Aussitôt, le lapin ahuri se retrouva enveloppé d’un costume trois pièces très seyant en laine d’alpaga d’un blanc immaculé. Un léger défaut cependant : les poils avaient la consistance d’aiguilles et faisaient bling bling.
Vous laurier vu, si heureux et fier, celui que dorénavant on nomme Monsieur Lapin Blanc !
Les petits sapins émerveillés avaient si chaud au cœur que la neige sur leur dos se mit à fondre. Elle coulait en grandes larmes de bonheur et tombait de leurs aiguilles. Quelle réjouissante petite musique: « Ting-ting-ting… ting-ting-ting… ting-ting-tingting-ting… »
Quelque part dans une clairière, aujourd’hui encore, on peut reconnaître les quatre petits sapins devenus grands.
Si vous ne les trouvez pas, fermez les yeux… Là, à gauche dans votre cerveau ; vous les voyez maintenant ? »
Joyeux Noël
Françoise et Alain
PS : combien d’arbres différents peuplent la forêt de la Reine Sylva ?

Je vous souhaite une heureuse fin d’année, malheureusement pour nous c’ est très compliquée, puisque Papa est hospitalisé depuis 5 semaines, et les médecins nous laissent aucun espoir.
On vous embrasse très fort .
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Merci Thierry pour tes commentaires.
Nous aussi cela nous à fait bizarre en revoyant cette vidéo, la fête, l’insouciance et maintenant on ne voit plus nos sourires, la méfiance est de mise.
Gardons espoir il y a un an nous ignorions tous ça, alors dans un an tout ira mieux!!😊
Bien amicalement
Pascal
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Merci pour votre conte forestier ! et pour la vidéo très sympathique qui me rappelle qu’il y a à peine 1 an – oui 1 an seulement – le monde vivait dans la joie, la proximité des autres et la lumière des belles soirées de Noël.
C’est à peine croyable !
Amitiés à vous deux, excellent choix d’image … Thierry
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