Quelle activité nocturne dans cette forêt !
La chouette qui hulule toute la nuit, la visite des sangliers qui grognent en s’approchant de la tente et dès l’aube le chant d’une multitude d’oiseaux s’élève de chaque branches d’arbres ; jusqu’au pic qui avec son martèlement répétitif nous rappelle qu’il est temps de se lever. Nous préférons cette ambiance à celle des villes aux sirènes stridentes des différents cortèges de voitures, police, pompier, ambulance ou autres.
Notre journée cycliste commence par une belle vallée où se succèdent quelques villages. Nous abordons les 18 kilomètres de la montée du Col du Portet d’Aspet qui va nous mener à 1069 mètres d’altitude.

Celle-ci cache une montée sévère d’après le profil vu sur cols-cyclisme.com. Les premiers kilomètres nous font croire à une blague ; nous sommes sur une pente moyenne de 3% quand tout à coup au seizième kilomètres la déclinaison s’élève et pour ces trois derniers kilomètres le pourcentage est de 10 %, il nous réveille bien le gaillard!
Mon coup d’œil sur internet me rappelle que la descente de ce col est dangereuse, elle a coûté la vie à Fabio Casartelli lors du tour de France 1995. Mais ce ne fut pas le seul à chuter:
- Raymond Poulidor en 1973
- Philippe Gilbert en 2018
ils ont tous les deux abandonner.
Il est vrai qu’avec une pente à 12 % sur plusieurs kilomètres voir un passage à 17% il y a de quoi prendre de la vitesse et facilement rater un virage.
C’est très prudemment que nous effectuons cette descente et nous nous arrêtons devant la stèle construite au lieu exact où Fabio à chuté, nous ne sommes pas de la même trempe mais unis par une même passion : le vélo. Cela s’exprime par un recueillement.

Descente terminée sans chute !
Nous repartons pour la montée du col de Mente et ses 1349 mètres. Onze kilomètres de montée pour une moyenne à 7% un peu irrégulier avec une descente dans le premier tiers et un dernier kilomètre très dur à plus de 11%.


Nous méritons bien le casse-croûte au sommet et la descente nous mène à St Béat.
Vous avez déjà dû constater que j’aime m’extasier sur des évènements qui peuvent paraître complètement anodins pour monsieur tout le monde. Je pense que c’est en sachant s’ébaubir devant ce que nous appelons trop souvent un moment insignifiant que l’on enrichit sa vie et c’est ce qui va se passer à notre arrivée dans ce village.
Aucun signe historique ou référencement comme faisant partie des plus beaux villages de France peut concourir à quelque chose d’étonnant.
Et pourtant en cette année 2017, j’ai 64 ans et je suis heureux car c’est la première fois de ma vie que je croise ce fleuve : la Garonne.

Depuis l’école primaire où nous devions apprendre les fleuves et leurs affluents par cœur, j’entends parler de la Garonne et bien je me rend compte que de la rencontrer me comble d’une frustration. Et c’est donc avec encore plus de plaisir que nous allons la suivre sur quelques kilomètres. Nous nous rapprochons de la frontière espagnole mais sont franchissement n’est pas pour ce soir. Bivouac dans le haut d’une prairie longer par un torrent de montagne fougueux. Cela va nous faire une formidable thalasso à peu de frais.

Effort, plus événement, plus bain froid avec massage, provoque une faim de loup! Ca tombe bien le cuisinier sans le savoir avait un bon pressentiment, le restaurant maison propose melon, noix de boeuf avec chips maison le tout accompagné d’un vin rouge du pays, fromage des Pyrénées et pour provoquer ces montagnes l’un de nos dessert préféré en voyage à vélo une crème Mont Blanc ! C’est la fête, en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire un restaurant gastronomique s’est installé dans cette prairie.
L’impétuosité du torrent nous gênera pour avoir un bon sommeil mais cela ne gâche pas notre joie car dans peu de temps nous passons le panneau frontière

Laetitia guillerette chante : Espana ! Ola ! Gracias ! Adios ! Et oui nous n’allons pas y rester longtemps. Passage dans le village de Bossost, dégustation de tapas et nous voici prêts pour l’ascension du col du Portillon.
Une montée de prêt de 9 kilomètres pour une pente moyenne de 7%, un beau col qui permet de dérouler et d’adopter une cadence régulière. Je vais vite me rendre compte que ce que j’escomptais est erroné. Car à chaque virage, une statue à la gloire des grands champions cyclistes Espagnols va ralentir la vitesse voir provoqué de nombreux arrêts.
Il fait très chaud et quand nous arrivons au sommet malgré une vitesse escargotesque nous sommes trempés.

Au sommet du col à 1293 mètres d’altitude, nous revenons en France dans le département de la Haute-Garonne. Nous filons sur Luchon où nous rejoignons le camping pour plusieurs raisons:
- Nous allons passer quelques jours avec mon fils
- Il nous faut effectuer quelques achats techniques
- Du mauvais temps est annoncé.
Tôt le lendemain matin, un gros orage éclate nous en profitons pour flemmarder cela est bien agréable de temps en temps.
La tourmente terminé nous irons randonner au-dessus d’Artrigue qui se situe à 1250 mètres, il faut y croire pour s’aventurer dans cette masse nuageuse

mais encore une fois la persévérance nous récompense et après une ascension raide nous passons les 1800 mètres d’altitude et nous nous retrouvons devant l’un des plus beaux paysage que la montagne offre ; nous somme au-dessus des nuages.

Nous contemplons cette mer de nuages qui ondule entre les pics. Au retour nous nous installons à une terrasse pour déguster des pizzas et un rosé local ; après l’effort, le réconfort.
Le lendemain, le vin rosé va peser un peu dans les premiers kilomètres du col de Peyresourde, 14 kilomètres de montée à une moyenne de 7% dans un paysage ouvert et agréable qui nous permet de distinguer les virages des trois derniers kilomètres.

Nous voici à 1569 mètres d’altitude et belle surprise, une gueritte propose des crêpes à 0,50 cts, parfait pour se sustenter et éviter l’hypoglycémie. Je savoure pleinement ces instants imaginant ces coureurs qui passent comme des bolides soit dans l’espoir de gagner l’étape soit dans l’espoir de ne pas se faire éliminer pour dépassement de la barrière horaire.

Pour nous, le temps s’est envolé et c’est la vie que nous dégustons.
La descente nous mène au lac de Gens, un casse-croûte avec Boris mon fils et son copain Pierre avant l’attaque du col Val-Louron-Azet à 1550 mètres, nous nous saluons, nos chemins se séparent ici. Dès les premiers escarpement une pluie orageuse nous stop ; magnifique, la porte d’une grange est ouverte et nous nous abritons. Un temps plus clément nous accompagne le reste de la grimpette de 7,5 kilomètres avec quelques passages à plus de 13%, costaud pour une fin de journée où nous avons sûrement donné à notre organisme trop d d’alcool et de quantité alimentaire. Nous sillonnons entre les vaches allongées sur la route, La vache pyrénéenne est moins bien éduquée que l’alpine et surtout imperturbable.
Quelques virages plus haut alors que nous sommes sur des passages à 9% poussant avec force sur les pédales, le souffle et le coeur s’accélérant une voiture arrive derrière nous à grand renfort de coup de klaxon et de cri d’encouragement. C’est mon fils qui nous fait la surprise de jouer au supporter du tour de France, il connaît bien le phénomène puisque depuis quelques années il conduit une voiture de la caravane publicitaire. Au sommet nous sommes accueillis par les acclamations, aujourd’hui les champions c’est nous !

Nous bivouaqons avec eux au sommet du col et nous serons envoûtés aussi bien le soir..

qu’au réveil par le paysage qui se déploie devant nous.

Salut Thierry,
Le blog que je tenais à l’époque n’est pas très riche. C’est Laetitia qui tenait un carnet de voyage assez precis. En croisant ses écrits plus les photos et les discussions que nous avons tous les deux et qui ramène à la surface des souvenirs cela me permet de construire le texte.
Les dénivelés et le pourcentage je retrouve facilement sur Internet.
Bien amicalement
Pascal
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Merci Pascal et Laetitia pour ces très beaux paysages et ces souvenirs magnifiques. Juste une question … comment parvenez vous à retenir tant de détails horaires, dénivelés, pente au km x ou y ? Vous notez toutes vos journées dans un calepin ?
Très belles escapades pour des cols de légende !
Bonne route à suivre,
Thierry
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