Col mythique et randonnées.
Ce bivouac dans cet environnement ne nous donne pas envie de quitter le lieu trop vite, surtout quand on constate que l’on va descendre et s’enfoncer dans le brouillard. Nous admirons, nous papotons et nous profitons d’une sonate de cloches d’un troupeau de vaches se déplaçant au grés de la meilleure herbe.

Nous finissons par aborder la descente et la brume se lève, arrivés à St Lary Soulan nous rachetons une béquille pour mon vélo, avec le poids celle-ci a du mal à résister. Nous trouvons un magasin de vélo où le vendeur nous promet que la béquille qu’il nous installe est solide. Village d’ Arreau 15 kilomètres plus loin je mets fièrement mon vélo sur sa nouvelle béquille pour accompagner Laetitia flâner sur le marché. Avec un grand bruit le vélo s’affale par terre, la nouvelle béquille vient de se rompre. Heureusement que l’on nous avait promis qu’elle était solide… A l’époque nous étions encore des néophytes et nous faisions confiance aux arguments des vendeurs.
Le col d’Aspin
En cette fin de matinée nous abordons les 12 kilomètres de montée du col d’Aspin , cette fois-ci nous entrons sur la route de la légende du tour de France.

Ce col à une pente régulière d’une moyenne de 6% sans passages trop raides, mais nous allons souffrir de la chaleur.

La vue remarquable au sommet à 1490 mètres d’altitude, nous permet d’apercevoir le Pic du Midi de Bigorre.

Descente sur Ste Marie de Campan, village bien connu pour les passionnés du tour de France.
Rappelons-nous , tour de France 1913, Christophe Eugène surnommé » le vieux gaulois » à cause de ces moustaches, descend le col du Tourmalet en tête. Après quelques kilomètres sur une piste en très mauvais état, il casse la fourche de son vélo. Il parcourt 10 kilomètres à pied, arrive à Ste Marie de Campan où la forge du forgeron est chaude et le vieux Gaulois répare seul la fourche de son vélo comme le stipule le règlement. Il sort de la forge brandissant sa fourche, réparée. Il remonte sur son vélo et termine l’étape dans les délais. Pour l’histoire ce fut un grand champion pour cette époque vainqueur de belles courses mais aussi pour sa longévité. Il commença le cyclisme à 18 ans pour arrêter sa carrière à 41 ans.
Après cette belle histoire nous quittons le village, nous avançons dans la vallée menant au col mythique des Pyrénées :
Monsieur le Tourmalet.
Pas facile de trouver de quoi nous installer, la vallée étant très habitée et encaissée. Enfin un pré fauché proche d’une bergerie.
Ce matin, réveil de bonne heure pour escalader à la fraîche le toit des Pyrénées. Il faut nous hisser à 2115 mètres d’altitude soit un dénivelé de 1268 mètres sur 17 kilomètres.

A partir du troisième kilomètres le pourcentage ne descendra plus en dessous de 8%. Nous espérons dès le lever du jour être tranquille et bien non, les véhicules sont nombreux. Nous nous élevons dans une forêt de conifères puis passons sous de nombreux pares avalanche alors que nous franchissons des portions à 9 et 10%. Un panneau indique l’endroit exact où Christophe Eugène a cassé la fourche de son vélo. Cela mérite bien un petit arrêt.

A la sortie d’un tunnel par avalanche nous observons le vol de plusieurs vautours. Nous voici à la Mongie, cité factice organisée pour la saison de ski. Nous serons quand même très étonnés de voir traîner des lamas dans le bourg.
Jusqu’au col il reste 4 kilomètres sans ombre, le terrain est aride et en levant la tête on devine chaque virage et l’inclinaison de la pente ; cela nous donne un frisson. Ce n’est pas la vision la plus encourageante et nous regroupons nos sentiments de persévérance et de volonté et rien ne peut nous arrêter. Nous repensons à la citation d’Eugène Christophe écrit sur le panneau !
Il nous faudra presque une heure pour parcourir la distance mais nous doublons à notre grande surprise un cycliste sur son vélo de sport soutenu et motivé par ses copains. Vu sa corpulence nous comprenons sa souffrance pour finir la montée du col et sa volonté mérite quelques encouragements de notre part.
Enfin le sommet, beaucoup de monde, particulièrement des cyclistes de nationalités différentes.
Le col mythique ce n’est pas une légende.

Le tour de France y passa pour la première fois en 1910 et depuis c’est le col le plus franchi tout massif montagneux confondus par cette course. Les mots d’Octave Lapize passant en tête au sommet du col ce mois de juillet 1910 résonnent encore » vous êtes des assassins » hurla t-il aux organisateurs.
Tout cycliste étant parvenu jusqu’ici veut se faire photographier à côté du géant. Statue inaugurée en 1999 représentant toute la force déployée et la douleur du coureur se battant pour gravir les flancs de la montagne.

Je vois ma magnifique épouse sortir de la boutique souvenir, tout sourire et me dire « cadeau » en m’offrant un maillot cycliste aux inscriptions du Tourmalet et depuis je suis fier d’arborer ce maillot remémorant cette magnifique montée.
Pour nous féliciter de ce nouveau col inscrit à notre tableau d’honneur, nous allons nous restaurer dans le seul et unique bar. Il propose des plats de qualité à des prix raisonnables. Le fait de ne pas avoir de concurrent ne lui a pas donné envie d’abuser des tarifs. Merci monsieur le restaurateur ! De plus nous mettons sous la surveillance de la très sympathique serveuse, nos vélos.
Le pic du midi de Bigorre
L’ascension à vélo ne nous à point suffit, nous partons randonner jusqu’au Pic du Midi de Bigorre. Une petite balade de quatre kilomètres pour 762 mètres de dénivelé.

Au départ une piste bien large, nous dominons le lac d’Oncet, arrivés au col de Sencour, le sentier grimpe en lacets dans un pierrier à la pente vertigineuse.

Après de nombreuses gouttes de sueur, enfin le sommet à 2877 mètres. La vue est extraordinaire sur la chaîne des Pyrénées

alors qu’un brouillard épais recouvre la plaine.

Quelle satisfaction cette journée et si l’effort fut intense le plaisir des yeux est encore plus grand. C’est tellement beau que nous décidons de bivouaquer dans la montagne et de descendre le moins possible, sachant qu’au col il n’y a pas de place pour monter la tente.
De retour au vélo nous méritons bien une bière et comme nous n’avons de permission à demander qu’à nous même, nous ne remettons pas à demain ni ne nous imposons le remplissage de différents formulaires pour nous l’accorder.

La vie est douce avec nous, deux kilomètres en dessous du col nous trouvons un extraordinaire lieu de bivouac.

Dans la nuit je me réveille pour un petit besoin, ma vessie trop tendue m’alerte de l’urgence et là stupéfait, même la fraîcheur de l’altitude ne peut me pousser à me remettre dans mon duvet. Je n’ai jamais vu une voie lactée aussi belle et le mot est peu de chose. J’en reste médusé.
Quand au réveil du lendemain je ne sais quoi dire tellement c’est extraordinaire et il est vrai qu’à certain moment il vaut mieux se taire et observer.

Ce sera le plus haut bivouac de notre voyage à 1909 mètres.
Nous remontons sur nos vélos avec le soleil et disons au revoir au Tourmalet après quelques kilomètres de descente nous pénétrons dans la masse cotonneuse et duveteuse de nuages la température n’est plus la même et la fraîcheur nous paralyse légèrement. Voici Luz St Sauveur où nous rachetons une béquille, si nous comptons les dépenses pour cette pièce bien utile, je vais la regarder comme un objets en or sertie de diamant !!!
Le cirque de Gavarnie
Nous constatons que nous ne passons pas très loin du cirque de Gavarnie et trouvons bien dommage de ne pas aller à la rencontre de cette merveille naturelle. Nous arrivons à Gedres, nous nous rendons dans un camping, notre choix inconscient nous mène sur une route d’un kilomètre et demi avec une pente à 15% pour rejoindre le lieu. Mais qu’avons nous encore à nous prouver ??
Arrivé sur place nous remarquons que le choix est le bon car le gérant du camping nous indique une randonnée d’approche de toute beauté et très tranquille pour rejoindre le cirque de Gavarnie. Nous prendrons une journée de repos forcée car dans la nuit nous subissons un orage très violent et le temps encore bien maussade le matin n’est pas engageant pour découvrir ce site géologique exceptionnel.
Pour rendre visite à ce colosse de la nature entouré de nombreux sommets de plus de 3000 mètres, abritant la cascade la plus haute d’Europe( 427 mètres), nous passons par le plateau de Saugué qui n’est autre que le balcon de Gavarnie.

Plateau sauvage, naturel et pastoral, parsemé de jolies maisons typiques.
Nous faisons une approche lente du cirque qui jonglant avec des forêts, des petites buttes apparaît et disparaît de notre vue. Notre attention est diverti par l’observation d’un papillon voletant ou une fleur de la flore pyrénéenne inconnue pour nous. Puis est attiré par un rapace et son vol qui caresse les cieux, nous hésitons entre un aigle ou un gypaète et c’est le sifflement de la marmotte qui nous ramène sur terre. Chaque fois que nous portons notre regard devant nous, le cirque de Gavarnie s’est rapproché plus grand, plus majestueux et plus impressionnant.

La solitude du plateau face à ce phénomène naturel est inimitable.
Lecteur je t’emmène dans le rêve, ferme les yeux et tente d’ imaginer un demi cercle d’environ 6 kilomètres de long avec des parois hautes de 1500 mètres. Dominé par des sommets partiellement enneigés d’où l’on distingue des cascades se jeter dans le vide d’un peu partout. Cela ne donne-t-il pas une sensation d’extase ?
Nous descendons maintenant sur Gavarnie village et comme les cascades, nous faisons une chute de très haut qui ne nous provoque pas de blessure physique mais une blessure émotionnelle. D’immense parking, des voitures, des embouteillages, du monde, des cris, des klaxons, c’est vraiment le cirque mais celui-ci est bien moins agréable…
Nous savions que le site était touristique mais à ce point là nous en restons béat. Est ce le fait qu’il soit classé au patrimoine mondial de l’UNESCO?
C’est également l’un des rares sites au monde à avoir la double classification naturelle et culturelle.
Une belle piste bien large mène vers le cirque, enfin même si il n’y a pas de véhicules j’y vois plutôt une autoroute. Des gens se croisent dans un beau désordre qui arrivent à se bousculer et s’engueuler. D’autres à cheval se prenant pour un comte ou une baronne faisant ouvrir son passage avec un regard méprisant qui se porte vers celui qui ne peut s’offrir cette prestation. Si je connais bien les senteurs de la nature ici la diversification d’odeur agresse mon sens olfactif. Chacun sûrement faisant une concurrence sur le prix du parfum mais aussi la quantité dont le corps est aspergé, cela provoque un mélange nauséabond qui me donne le haut-le-coeur et provoque la nostalgie de l’époque où je nettoyais mon étable avec de belles bouses qui prouvaient la bonne santé de nos vaches et d’où s’échappaient un parfum, un vrai parfum naturel !
Nous arrivons à l’entrée du cirque de Gavarnie, nous nous écartons de cette masse mouvante et bruyante qui avance sans lever la tête tel les automates diriger par leur ressort.
A l’écart même si le brouhaha nous parvient nous sommes dans un lieu un peu plus serein pour nous recueillir devant cette beauté étourdissante, ce spectacle est saisissant. Émotion garantie !

Nous n’irons pas plus loin, nous voyons une file d’attente pour se diriger vers la grande cascade et d’autres au milieu du cirque brailler pour voir si derrière le rideau l’écho veut bien leur répondre. Je ne sais si ils se prennent pour des clowns mais leur spectacle est pitoyable. Voyageur à vélo inconscient que nous sommes nous avons oublié que toute la France ( et même bien au- delà des frontières ) est en vacances dans la première quinzaine d’août.
Cirque de Gavarnie, excuse notre manque de témérité face à ce mouvement d’individus et le tumulte qu’il provoque. Mais que veux tu, il faut un grand courage pour s’aventurer plus loin sur le centre de ta piste à l’herbe grâce des montagnes où l’eau après une chute impensable à repris ses esprits et coule en torrent impétueux. Nous gravissons de grands cols avec un effort important mai ici tout nous manque, les bras nous en tombent et nous avons les jambes coupées. Alors nous nous en retournons vite retrouver le sentier du plateau de Saugué et de là haut nous trouverons un douillet coin d’herbe pour nous blottir et t’admirer dans un silence religieux. Car avec ton prestige, ton gigantisme, ta force qui se déploie de tes falaises et des cascades, tu mérites largement le titre de cathédrale que dis-je de basilique avec le silence respectueux qui règne en ces lieux.
Et s’égraine tel une prière ces mots de Victor Hugo :
» C’est une montagne et une muraille tout à la fois. C’est l’édifice le plus mystérieux des architectes. C’est le colosseum de la nature. C’est Gavarnie. »

Après ce recueillement, nous rejoignons dans un silence monastique le camping et l’épervier nous regarde partir comprenant notre désarroi et nous souhaitant bonne route pour la suite dans nos découvertes pyrénéennes

Salut Thierry,
Alors effectivement c’est ce que nous nous sommes dis quand nous étions sur le lieu
Pour l’instant l’occasion de s’est pas encore présenté. Un jour peut être !
Bien amicalement
Pascal
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Je vous comprends. Faire des efforts comme ceux que vous accomplissez pour arriver dans la brouhaha et les embouteillages est énervants. Le cirque de Gavarnie se hisse dans les superlatifs, mais il faut pouvoir le respecter et l’admirer sans les foules. Par exemple en hiver, raquettes au pieds, par une belle journée sans nuage et en fin de journée. C’est alors magique !
Merci de vos photos et souvenirs.
Amitiés, Thierry
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