Cette année, je vais avoir 70 ans.
À 70 ans, on est vieux, voilà mon idée depuis 60 ans. On a mal un peu partout, l’énergie qui est en soi diminue, on est plus dans le coup et cette litanie pourrait-être interminable.
J’ai connu beaucoup d’hommes qui n’ont jamais passé ce cap, dont mon père, emmené par un cancer fulgurant à 68 ans.
Je me sens plus en forme que lorsque j’avais 60 ans, je suis encore très souple, j’ai une multitude de projets et ma mémoire est efficace.
La première chose que je fais presque chaque matin c’est de remercier la vie et de me remercier d’être encore là sans maladies et avec une joie de vivre débordante.
Cette année est un peu exceptionnelle, car le passage d’une dizaine ouvre une nouvelle porte vers la sortie. Chaque dizaine celle-ci devient plus évidente, d’autant plus quand les pas sur le sentier de la vie s’effectuent vers les années septante voir nonante.
Est-ce une raison pour avoir peur, être triste ? Pas pour moi, la mort que j’ai côtoyée de près avec la disparition d’être cher n’est qu’une continuité de notre vie.
Est-ce un argument pour avoir envie que tout s’arrête déjà ? Pas du tout, j’ai besoin de lancer une boutade, « avec tous mes projets, je n’ai pas le temps de mourir ! » Et j’ai encore moins le temps de sombrer dans une litanie d’excuses que j’entends trop souvent « Et oui, c’est l’âge ! Mais c’est qu’on est plus tout jeune ! Il ne fait pas bon de vieillir ! etc. »
Cette année, j’ai décidé de m’amuser avec des défis en compagnie de celle dont le cœur s’est enlacé au mien et qui m’accompagne dans la vie. Parfois, elle y participera, pour d’autres, elle m’épaulera.
Des défis, avant tout pour me faire plaisir, pour me tester et voir ce que j’ai encore sous le capot. Mais aurais-je un brin de fanfaronnade ? D’exhibition ? Non, j’ai un fort besoin, disons de démonstration, une envie de prouver à tous ceux qui se dirigent vers la septantaine que tant de choses restent possibles. Il suffit de trouver ce que l’on aime, ce qui passionne. Je prends par exemple l’écriture, ce n’est jamais un effort que de me lever en pleine nuit pour coucher sur le papier mes idées. Au contraire, c’est une joie. Comme je l’écris dans mon livre « Tête à tête avec la Sierra Nevada andalouse », ce n’est jamais une difficulté de faire mal à mon corps pour franchir un dévers de pente que je peux croire insurmontable. C’est une satisfaction qui nourrit le sentiment de bonheur. C’est peut-être ce secret qui me permet de me sentir bien.
J’ai envie de dire à toute la jeunesse : arrêtez de parler de vieux con. Car la vieillesse arrive plus vite que vous ne pensez et le mot con ne s’associe pas obligatoirement à vieux il se marie très bien avec jeune.
Je crois que certaines civilisations considérées parfois comme sauvages avaient un peu plus d’intelligence en s’appuyant sur les anciens et en les nommant « des sages. » Trop rapidement, cette idée pourrait déborder sur des sentiments de supériorité, ce qui est fondamentalement une erreur. Nous avons juste à vivre ensemble de manière complémentaire et harmonieuse, car un jeune peut autant m’apprendre que moi je peux lui transmettre. Arrêtons de vivre en concurrence, enfermer dans des tiroirs, jeunes, âge mûr, vieux, quatrième âge, ça, c’est les très vieux ! Nous sommes tout simplement des êtres humains avec un chemin qui se termine pour tous de la même manière.
Ne serait-ce pas pour cela que nous devrions vivre en paix ?
Enfin, moi je crois que je n’aime pas être sage et j’ai gardé mon âme de gamin à qui les parents disaient, mais quand vas-tu être sage ? Mais sois donc sage à la fin !
Au bout du compte tout ce baratin pour vous informer que ces défis se trouvent dans un coin de ma tête et je vais les débuter les 7 de chaque mois.
Nous sommes le 7 février 2023 et avec Laetitia, nous partons à 7 heures du matin, pour un trek d’une vingtaine de jours sur les sentiers de l’Algarve et de l’Alentejo avec sac au dos et vie sous la tente.
Je ne désire pas tout vous dévoiler, nous savons approximativement le nombre de kilomètres que nous souhaitons parcourir et surtout nous avons l’objectif de quelques étapes marathons. Nous voulons battre des records face à nous même, pour nous offrir une satisfaction, surtout ne comparez pas, car vous serez déçu. Mais avant tout, nous avons très envie de profiter de ce sud Portugal où, en ce mois de février malgré des matins frais avec des gelées, nous sommes déjà au printemps. Les pâquerettes au bord des chemins, le mimosa envoûtant par son parfum, les mésanges chantent, tout est là pour nous signaler sont arrivée.


Nous voulons surtout nous retrouver dans des endroits isolés et vivre en osmose avec la nature. Prendre le temps de l’observer, de l’écouter, de l’aimer et de nous émerveiller ; je vais au travers de mes écrits partager ces émotions.
Pour rester cohérents avec nous même nous quittons notre caravane et l’Ecopark pour 4 km de marche à pied alors que l’aurore se lève. Nous rejoignons la gare routière de Sao Bras de Alportel, de là nous empruntons un bus pour Faro d’où un train va nous emmener à Lagos.
Et c’est à partir de Lagos que notre voyage pédestre va commencer.
Je vous dis à demain pour découvrir notre première journée de randonnée et cette côte extraordinaire qui va nous amener au point extrême sud-ouest de l’Europe le Cabo Vicentina.
Je suis bien content de ne pas être le seul à ressentir cela. Parfois j’ai l’impression d’être un dinosaure. Il faudra que l’on trouve l’occasion d’arroser cela, mais attention à mon sex…apeal🤣
Au moment où j’écris nous en sommes à moitié de la deuxième journée il y a du piquant
A bientôt. Bises
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C’est avec ma spontanéité que j’espère répondre à tes attentes.
Nous sommes deja en route bientôt la première étape.
Amicalement
Pascal
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Voilà une analyse très juste , plaisante et partagée par ma dulcinée, elle qui craignait la fin de la période sex…agénaire.
Bon voyage et bonne randonnée.
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Allez, c’est reparti comme en 40 🙂 !
J’aime bien lire ce type de message, sagesse et défis mêlés pour notre plus grand plaisir: celui de découvrir avec ces deux-là des endroits pas possibles, admirer des photos étonnantes, disserter sur les merveilles de la nature à partir du moindre brin d’herbe, pester contre la bêtise humaine quand ils trouvent une vieille boite de conserve abandonnée sur le chemin…
Bref, vivement la 1ère étape pour « rêver bohême » 👍🏻 à nouveau !
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J’aime bien ces septantes et nonantes surtout quand c’est exprimé par des Jurassien Suisse à l’accent qui influent un immense flegme! Merci!
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Merci pour les 70 (septantes) et 90 (nonantes) qui nous évitent, à nous les suisses, de faire du calcul mental… (je rigole). Bonnes promenades !!!
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