Vous vous souvenez que notre dernier voyage s’était déroulé le long des rivières, fleuves et mer et avait duré un mois et demi.
Que se passe t-il dans nos têtes pendant l’hiver qui suit ?
Nous aimons notre métier. Quel bonheur en hiver quand en rentrant dans l’étable la chaleur et l’odeur des vaches nous enveloppe. Elles tournent la tête et nous les appelons les une après les autres par leur nom pour leur dire bonjour, à ce moment elles font tinter leurs cloches. Les chevaux dès qu’ils entendent notre arrivée sorte la tête par le haut de la porte, hénissent pour recevoir du foin bien frais. Les poules caquettes impatientes derrière la porte du poulailler pour courir se régaler du ver imprudent. C’est un plaisir chaque matin d’aller à la rencontre de nos bêtes qui nous attendent.
Mais chaque soir le voyage vient nous harceler, nous regardons les photos des voyages précédents, déplions des cartes et il nous est impossible de ne pas partir l’an prochain. Pour des éleveurs ce n’est pas facile de s’absenter surtout quand on a un lien fort avec nos animaux. Quand nous aurons décidé de notre date de départ il faudra trouver quelqu’un qui nous remplace. Quelqu’un de confiance, qui sera attentif à nos animaux comme nous le sommes.
Cette difficulté ne nous empêche pas d’avoir des projets de discuter et parfois se sont des débats animés avec des idées qui fusent et des envies différentes.
Longer le Danube jusqu’à la mer Noire est un projet qui me tente beaucoup, traverser de nombreuses capitales tel que Vienne, Budapest, Bucarest.
Nombreux sont ceux qui se lamentent des longues soirées d’hiver chez nous elle sont plutôt trop courtes mais au combien inspirantes. Au printemps nous sommes d’accord de partir environ 4 mois, la destination n’est pas défini et le Danube n’enthousiasmme pas vraiment Laetitia.
Un jour elle me dit mais pourquoi partir à l’étranger et si loin alors que nous connaissons si peu notre pays. Question criante de vérité qui me perturbe et déstabilise. Quelques jours plus tard nous regardons un reportage sur la route des grandes Alpes appelée GTA ( grande traversée des Alpes ).
Un coup de coeur pour tous les deux et à la fin du reportage toute discussion est inutile nous sommes en harmonie c’est cela que l’on doit faire.
C’est ce défi que nous devons nous lancer, franchir les plus hauts cols Alpins.
C’est décidé la route des grandes Alpes c’est pour nous :
- 684 kilomètres de paysages enchanteurs
- 16 cols mythiques à franchir.
Et nous poussons notre phantasme encore plus loin et osons un défi un peu fou pour nous. Nous décidons de faire la traversée de tous les massifs montagneux Français. À commencer par nos montagnes les Vosges puis le Jura ( nous tricherons un peu nous traverserons le Jura Suisse ), la route des grandes Alpes, nous rejoindrons ensuite les Pyrénées pour parcourir la route mytique des cols du tour de France et terminerons par le Massif Central.
Notre itinéraire est bouclé ne reste plus qu’à trouver la personne qui nous remplacera pendant près de 5 mois.
Il est dit: » qui cherche trouve « , donc nous trouvons. L’on peut partir, ce sera début juin et au départ de notre ferme.
Les affaires se prépare et la fébrilité nous gagne n’avons nous pas été un peu trop prétentieux dans ce défi ? Enfin tout est lancé il n’est plus question de reculer. L’essentiel est d’essayer et il n’y a aucune honte à dire c’était trop ambitieux pour nous car:
» Celui qui veut gravir la montagne ne doit pas se laisser impressionner par la hauteur » .
Gandhi
» Les folies sont les seules choses que l’on ne regrette jamais »
Oscar wilde
Alors sur ces belles pensées, nous partons de bonne heure et confiant un jour de juin.
Nous voici au pied de notre premier col Vosgien. Une charmante route forestière s’élève régulièrement dans les forêts de sapins. Nous passons de belles cascades la fraîcheur de la forêt nous permet de bien supporter l’effort de la montée. Enfin nous émergeons au niveau du col du Louschbach.
Nous sommes satisfait, notre montée s’est bien passé, nous poursuivons de suite avec la montée vers le col du calvaire qui va nous hisser à plus de 1000 mètres d’altitude. Heureux nous franchissons notre deuxième col cela mérite bien un café au bar tout proche. Ces deux premiers cols nous rassure sur nos capacité mais ne nous nous enthousiasmons pas trop vite cela n’a rien à voir aves les cols Alpins.
Nous poursuivons par la route des crêtes et effectuons fiers de nous, notre premier bivouac.
Le lendemain enivré par cette première journée nous passons au pied du Hohneck. Le Hohneck est un sommet de 1363 mètres d’altitude accessible par une route asphaltée qui se termine en impasse. Pour nous aucune utilité de se rendre la haut puisque cela va nous amener à faire un aller retour, pourtant l’idée me passe par la tête et dans ces cas là il ne faut pas que je compte sur mon épouse pour me contrarié, au contraire ce genre de détour inutile voir absurde l’amuse toujours.
Quand j’aborde le premier lacet, je me demande quand même si je ne veux pas un peu trop fanfaronner. Je connais cette montée car je suis venu ici bien souvent en randonnée. Je sais que nous allons avoir 7 virages en épingle à cheveux que nous allons parcourir un kilomètre et demi pour gravir 106 mètres de dénivelé et terminer par un raidillon à 12%.
Ce sommet je l’ai abordé par tous les temps, pluie, brouillard, grand soleil. Par temps très clair qui est signe de pluie pour les jours à venir on appercoit le Mont Blanc. C’est un sommet mythique dans les Vosges dominant le lac du Schiessrothried, les flancs raides et escarpés des Spitzkopf où l’on peut observer de nombreux chamois et de l’autre la montée vertigineuse du Falimont et les rochers de la Martinswand.
Pour la première fois je le monte en vélo chargé d’un barda de presque 40 kg, on ne fait pas dans la demi mesure !
Et c’est joyeux, victorieux que nous arrivons sous le panneau indiquant le sommet. C’est extraordinaire de s’offrir de tel cadeau !

Il ne reste plus qu’à redescendre et continuer la route des crêtes pour passer au pied du sommet des Vosges le grand Ballon.
Après cela c’est une longue et belle descente sur la plaine d’Alsace, nous traversons Mulhouse et filons sur le Sundgau. Nom de la région du Sud de l’Alsace où commence les plissements du Jura. Une piste cyclable construite sur les bases d’une ancienne voie ferrée et c’est rapidement que nous arrivons aux premiers escarpements.
Mais voilà que le ciel devient noir et rapidement des éclairs le zèbre, le grondement du tonnerre étant encore lointain nous avons le temps de monter notre tente dans une prairie où le foin n’est pas ramassé.
Je connais ce genre d’aléas, le foin trempé par un orage imprévu et tout le travail à recommencer, faner, andainer et l’herbe qui perd en qualité. Mais enfin pour l’instant ce n’est pas mon souci pour nous l’essentiel c’est de ne pas être trempé.
Le lendemain nous voici en Suisse et le Jura nous surprend, car il ne ressemble pas au versant français connu pour des montées raides et longues afin d’atteindre un plateau où la route est légèrement vallonnée.

Nous franchissons des cols à plus de 1000 mètres courts mais sévères, de belles gorges, des tunnels routiers pour atteindre Bienne ou Biel. C’est une ville bilingue dont le centre a un caractère médiéval authentique c’est aussi le berceau de l’industrie horlogère Helvétique. Nous longeons le lac de Bienne et arrivons au lac de Neufchâtel après avoir aperçu le lac de Morat et bien sûr goutons de délicieux fromages.

Nous pensions que la route nous menant du lac de Neufchâtel au lac Léman serait une étape de transition, de détente mais pas du tout et la journée fut une succession de montées et descentes jusqu’au moment où nous dominons ce majestueux lac en forme de croissant. En face de nous se dresse les Alpes, le panorama nous subjugue et nous sommes comblé de soulagement car nous pensons que notre journée va se conclure par un bivouac en bord du lac.

Nous traversons Lausanne et tout content nous trouvons une voie cyclable qui effectue le tour du lac, donc facilement nous mener à Thonon les bains.
Que nenni ! Ne voilà pas que cette piste quitte la rive pour partir dans le vignoble avec des tronçons de route court 100 à 200 mètres met les % sont impossibles et nous nous trouvons à pousser les vélos à plusieurs reprises.

Ce ne sont pas ces raidillons qui nous inquiètent le plus, mais où pouvons nous monter notre tente sur ce terrain? Ce n’est pas bien compliqué de vous expliquer:
- il y a de la vigne sur des collines qui descendent de façon abrupte vers le lac entrecoupé de petites routes.
- Le long du lac, c’est la Riviera Suisse, aucune place tout est habité
- Quand ce n’est pas habité, les vignes terminent leur course le long de la voie ferrée qui longe le lac.
- Mais alors que faire ?🤔

Rouler et faire confiance
régulièrement des escaliers ou des plans inclinés partent de la route afin que le vigneron puisse rejoindre son vignoble et l’aubaine est là ! Sous l’un des ces plans une fontaine avec un bassin qui devait servir d’abreuvoir dans des temps plus lointain. Entre l’abreuvoir et le limon de la pente une plate forme assez grande pour nous accueillir avec nos duvets et matelas. Tout cela avec un panorama exceptionnel : le lac, les Alpes et en face de nous la dent d’Oche 2221 mètres d’altitude. C’est une salle à manger, cuisine

salle de bain

et chambre à coucher avec un balcon extraordinaire nous sommes euphoriques.

Nous profitons pleinement de ce lieu car demain nous rejoignons Thonon et alors va commencer le plat de résistances, nous attendent 16 cols dont 6 à plus de 2000 mètres.
D’après vous, allons-nous réussir ? Dans de bonnes conditions ? Qu’en pensez vous ?
Donnez nous votre avis !
A suivre…
Salut Thierry,
Très amusant ton message.
Il faut que je me mette à la suite, mais comme je viens de signer le contrat avec l’éditeur Maïa j’ai lue pour la première fois mon livre papier pour y dénicher encore quelques coquilles.
Maintenant je retourne dans les Alpes.
En attendant nous avons retrouvé le Portugal son ciel bleu et le soleil.
Bien amicalement
Pascal
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Moi aussi je parie qu’ils vont réussir 🙂 ! Je les connais ces deux-là, ils ne s’arrêtent pas devant un petit col à 2000 m. Il ne faut pas leur en vouloir, ils ne savent pas s’arrêter: c’est leur nature et c’est ainsi.
La suite… la suite …!
Amitiés, Thierry
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Merci, mais je réserve la surprise !!!
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Oui bien sûr que vous allez réussir, comme tout ce que vous entreprenez,
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