La nuit a encore été bien pluvieuse, mais dès le lever du jour le nuages se déchirent et laissent entrevoir du ciel bleu. Nous allons pouvoir repartir.
Après l’Iseran et ses 2674 mètres d’où nous avons pu admirer la Vanoise; le Galibier et ses 2642 mètres qui nous a mené aux portes des Ecrins, nous voici ce matin sur les pentes de l’Izoard et ses 2360 mètres qui s’ouvrent sur le Queyras.
L’ascension est mythique et Jacques Godet disait de ce col : » C’est le privilège de l’Izoard de distinguer le champion « .
Certes il ne pensait pas à des gens comme nous, mais cela ne nous empêche pas de faire nôtre cette maxime. Et une fois que nous aurons franchi ce troisième grand col, nous serons à nos yeux des champions. Des champions inconnus mais ce qui importe c’est le regard que nous portons sur nous. Et nous sommes fiers de cet attribut que nous nous octroyons.
Nous apprécions dans ces cols Alpins les informations pour les cyclistes. Au bas du col une pancarte indique le relief de la montée et tous les kilomètres un petit panneau que nous affectionnons particulièrement pour nous renseigner sur :
- L’altitude,
- Le nombre de kilomètres restant
- Le pourcentage moyen du kilomètre à venir.

Attention ceci est un pourcentage moyen qui peut cacher parfois des coups de Q à plus de 10% sur une distance de 20 à 50 mètres plus ou moins, ne pas se laisser surprendre.
Revenons à cette montée difficile et irrégulière, car au quatrième kilomètre c’est une légère descente qui nous attend. Que je n’aime pas ça! Pour gravir les 1165 mètres de dénivelé la route qui est assez large avec de nombreux lacets nous fait traverser de nobles forêts de mélèzes.

Le mélèze est le seul conifère d’Europe qui perd ses aiguilles pour l’hiver. A l’automne il se prend pour un chêne ou un hêtre avec ces couleurs jaune/orange.
Dans les derniers kilomètres alors que la difficulté de la pente nous à fait transpirer voici que le froid s’abat sur nous et nous étreint, petit à petit nos extrémités s’ankylosent.
Au sommet du Galibier, une foule chaleureuse nous attendait ; ici c’est un vent violent qui nous accueille avec une température de 7° et beaucoup moins en ressenti.

Un couple de cyclotouristes en vélo à assistance électrique ( VAE ) nous rejoint, nous n’avons guère l’occasion de causer car eux comme nous n’avons qu’une idée nous couvrir.
Et en vélo même si nous savons où se trouvent nos affaires cela signifie une opération un peu complexe avec un tel vent et à cette altitude où il n’y a rien pour s’abriter. D’abord enlever les vêtements mouillés pour enfiler pantalon, polo en merinos, coupe vent et gants.
Nous ne profiterons pas non plus du point de vue exceptionnel qu’offre l’Izoard sur le Queyras, l’Ubaye, les Ecrins, le Pelvoux et par beau temps, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui le regard peut appercevoir le Mont Blanc et les Alpes Suisses.

Dans la descente nous sommes impressionnés, non pas par les 9 et 12% de pentes, mais par le paysage lunaire de la Casse Déserte. Le froid ne nous empêchera pas d’effectuer un arrêt pour admirer cet environnement minéral très atypique.

Devant nous une histoire de plus de 40 millions d’années, un cirque lunaire aux pentes nues et désolées avec des cheminées pierreuses aux formes invraisemblables.
Nous y voyons des marmottes pétrifiées.

Nous prendrons même le temps de nous préparer un café qui nous réchauffera de l’intérieur.
Après 16 kilomètres de descente, nous arrivons à Guillestre. Dépassons le camping municipal, car nous avons vu un panneau indiquant « camping à la ferme » et nous préférons cette deuxième solution. Ce qui n’est pas indiqué c’est qu’il se trouve à 4 kilomètres du centre avec quelques raidillons à plus de 10%, comme si les 55 kilomètres et 1342 de D+ ne nous suffisaient pas.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer !!!
Pour tout effort il y a une récompense, nous avons depuis ce camping une vue magnifique sur la vallée et un accueil des plus chaleureux.

Comme nous sommes les seuls locataires du lieu et que le thermomètre ne se décide pas à adoucir l’air ambiant, la gérante nous fait cadeau d’une nuit en caravane en nous disant que nous serons mieux.
Merci beaucoup, que la vie est douce!
Qu’est ce que nous avons bien dormi dans cette caravane ! Il est vrai qu’avec l’effort fourni la veille et le froid nous passons de bonnes nuits.
Qu’est-ce qu’il fait encore froid pour un 30 juin! Mais il en faut un peu plus pour arrêter les cyclos voyageurs que nous sommes.
A la sortie de Guillestre nous prenons la route qui mène à notre plat du jour, le col de Vars et ses 2108 mètres. C’est un col plus discret que ses congénères que nous avons franchi les jours derniers, pourtant il cache son jeu et les gambettes s’en souviennent.
Mais quel est donc ce bruit, ce vacarme? Nous sommes doublé par une bonne dizaine de voitures de sport roulant à grande vitesse et faisant vrombir les cylindrées, troublant la symbiose qui existe entre nous et l’effort, la montagne et son calme.
Les 12 premiers kilomètres font mugir n’ont pas nos moteurs mais nos muscles nous sommes sur des pourcentages de 8 à 9%.
En levant la tête on constate que les sommets sont saupoudrés de sucre glace… il a neigé cette nuit le paysage n’en est que plus beau mais pour l’instant cela ne nous réchauffe pas vraiment.

A la sortie de Vars Ste Marie, la chaîne du vélo de Laetitia casse!
Mais quelle force a-t-elle dû déployer pour attaquer cette pente à 7,5%…ou plus simplement c’est l’usure. Mais je ne le dis pas trop fort, elle est tellement fière de se sentir puissante en admirant ses cuisses et ses mollets !


Laetitia rapidement se transforme en mécanicienne ; par bonheur pour ses petits doigts à cet endroit la route est ensoleillée. Avec un maillon rapide, la chaine retrouve toute sa tension pour supporter la poussée de la musculature de madame.
Les 8 kilomètres de montée qui nous reste sont agréables, une pente régulière et un paysage ouvert avec des pâturages où courent des torrents et où jouent les marmottes. Les fleurs sont nombreuses et avec nos vélos nous avons l’avantage de monter tranquillement, cela nous permet d’apercevoir le festival de couleur qu’elles nous offrent et dans reconnaître certaines :
- Le lys martagon
- La gentiane des Alpes
- L’anémone, le rhododendron
- La lunaire
- ou encore la soldanelle.
Dans la station de ski des Claux où nous effectuons une pause casse-croûte, nous sommes rejoints par les cyclistes que nous avions rencontré hier au sommet de l’Izoard. Nous en profitons pour discuter un peu, Carine et Philippe sont Belges et terminent leur itinérance à Sospel.
Nous repartons, avec leur VAE ils prennent la poudre d’escampette et nous n’essayons même pas de les suivre.
Nous voilà au sommet et prenons un peu de temps, car le soleil a légèrement réchauffé l’atmosphère.
Ce col nous permet de basculer des Hautes Alpes aux Alpes de Hautes Provence. Rien que le nom nous réchauffe et en rêve nous humons des fragrances de lavande.

Dans la descente avec la vitesse, le froid est un peu plus mordant mais cela ne nous empêche pas de profiter du paysage grandiose.
Nous longeons une partie des gorges de l’Ubaye, c’est impressionnant.
Au pied du fort de Tournoux, une aire de pic nic où sont déjà installés Carine et Philippe. Nous les rejoignons et ils répondent avec grande sollicitude à notre demande de nous installer avec eux.
L’échange est de suite très amical et nous apprécions l’humour Belge de Philippe.
Le même style de véhicule que ce matin vient perturber notre repas avec toujours ces moteurs aux mugissements plus terrible que celui du roi de la savane. Les portes de ces voitures s’ouvrent de manière très originales, les chauffeurs et passagers ne sortiront pas des véhicules.
En tête du convoi de ces richissimes et hautains personnages, le géo qui avec un micro relié à des haut parleurs dans les véhicules explique l’histoire du fort de Tournoux. Mais quel rapport ces gens ont avec la nature? C’est non plus un fossé, mais un canyon qui nous sépare et d’ici quelques jours nous allons vivre cela dans une dimension XXL.
Le temps que nous avalions quelques bouchées de pain, de saucisson et de fromage, ils repartent s’amusant à faire pétarader les moteurs des véhicules. Peut-être pensent-ils que nous les envions ?
Si, il savait comme nous n’échangerions pour rien au monde notre place avec la leur.
Philippe nous amusera beaucoup en remontant sur son vélo et mimant ces personnages refermant les portes originales de ces véhicules. A plus tard, nos amis Belges !
Mais j’en oublie cette impressionnante fortification qui fut construite de 1839 à 1866 sur 700 mètres de dénivelé le point le plus haut étant à 2008 mètres.
Cet important ouvrage militaire est dénommé pour souligner son opulence soit :
- Le Versaille militaire du XIX ème siècle
- La tour Eiffel de l’Ubaye
- La grande muraille Ubayeuse
- Lamaserie Tibétaine
Nous remonttons sur nos véhicules silencieux et terminons cette descente pour arriver à Barcelonnette.
Cette petite ville est séduisante par son atmosphère à la fois méridionale et montagnarde. Ce qui est aussi surprenant ce sont ces villas cossues à l’architecture mexicaine.
Dans la seconde moitié du XIXème siècle des habitants partent au Mexique via l’aventure industrielle du textile. Ils reviendront après avoir fait fortune et pour étaler leur réussite sociale, construisent ces opulentes villas.
Nous rejoignons le camping, la météo est encore instable. Mais maintenant nous savons que nous allons aborder des jours meilleurs car nous sommes aux portes du sud de la France, les noms des cols sonnent bien avec l’accent local le prochain le col de Cayolle.

Alors n’oubliez pas de nous rejoindre pour nous accompagner aux portes de la Méditerranée !
Ce périple des massifs Français j’en reparle souvent avec Laetitia car ce fut une expérience qui nous exalta. Il est agréable de parler entre nous de ce voyage, les souvenirs nous transportent dans des émotions plaisantes. Garder cela pour nous c’est un peu triste. Partager, transmettre, faire rêver, certain pense que c’est de l’exibitionisme pour moi c’est un besoin tel que respirer. C’est pour cette raison qu’un jour je ressenti l’envie de vous raconter tous ces voyages. Car je reste sur cette idée que:
le bonheur ne vit, ne respire et ne grandit que si il est partagé et transmis.
Depuis que j’ecris sur le blog, je vois vos j’aime, je lis vos commentaires, j’apprecie sans fausse modestie les critiques enthousiastes sur mon livre cela me procure du contentement.
Le partage est donc une richesse puisque je vous apporte quelque chose et en échange vous me combler de gratitude qui me conforte dans mon bien être.
Quad j’ai décidé de raconter ce voyage je me disait qu’en quelques post cela allait être terminé. Je me suis moi-même pris à mon charmant piège de l’écriture et maintenant je me rend compte que cela va nous prendre une partie de l’hiver. Alors si cette aventure vous intéresse, vous passionne et si cela vous intrigue de connaître ce que nous allons vivre dans le col de la mort d’Imbert, de venir escalader avec nous le Tourmalet, d’effectuer une escapade en Espagne et comment nous avons découvert le col le moins haut de France… Sachez que mon post paraitra tous les mercredi et samedi.
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Merci Thierry, toujours des messages gratifiants écrit avec le coeur.
Bien amicalement
Pascal
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Très sympathique page de montagne à nouveau. On vit avec vous, en temps réel, vos humeurs, vos coups de gueule et vos ravissements. C’est plaisant à lire et je vous remercie de vos efforts pour agrémenter vos lignes de photos tout à fait appropriées.
Bonne journée ! Amitiés, Thierry
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Salut Bob,
Merci pour ton message.
Les montées cela devient une passion et permet de compter de belles histoires.
A bientôt, plaisir de te lire
Pascal
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c’est super de vous lire, et ça donne envie. Au début je n’aimais pas les montées maintenant je les recherche. Bonne continuation.
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