Nous sommes dans le parc national du Mercantour et ce matin nous partons pour les 5 lacs glacières de Millefonts.

Nous empruntons un sentier qui se faufile dans la forêt puis se glisse dans des éboulis de pierre. Nous passons le col de Vellos a 2000 mètres où un couple avec deux enfants termine un bivouac inégalable.
Nous avançons dans un milieu très minéral et aride, dans un espace d’air pur, de silence, une nourriture pour l’âme.
Nous marchons en cadence dans le respect de tout ce qui nous entoure, j’ai presque envie de dire nous enveloppe.

La marche vide le cerveau et apporte le bien être, ici pas de klaxon, pas de bruit de moteurs mais la musique de la montagne.
Nous parvenons au lac Petit, le premier des cinq lacs et en contradiction de son nom, c’est le plus grand.

Notre itinéraire continue sur le flanc d’un sommet qui nous attire. En attendant nous découvrons le deuxième lac qui doit être mal aimé car il ne fut pas baptisé, c’est le plus petit des 5 lacs. Cela ne lui enlève rien à sa beauté et surtout à la clarté de son eau.

Puis nous accédons au lac long, au lac gros et enfin le dernier le lac rond. Ils s’étagent entre 2229 et 2375 mètres d’altitude. Les couleurs sont splendides, nous laissons les sentiments nous envahir et surtout ne pas rompre ce silence…
Si ce n’est juste pour décidé de prolonger notre randonnée jusqu’au sommet.

Nous accédons au Mont Pepoiri à 2674 mètres.

Seule un chocart à bec jaune rompt le silence de son cri strident, plus loin des éboulis de pierres, ce sont des chamois qui chahutent. Au sommet notre regard se porte jusqu’à la mer Méditerranée et derrière nous et oui déjà derrière nous, la chaîne des Alpes. Un seul mot l’émerveillement !!!

Un vol de gypaètes barbus nous rappelle que l’extase est une belle chose face à ces sommets mais que le sentier est long pour descendre et qu’il est temps d’y penser.
La montagne agit comme par magie sur nos organismes, nous ressentons avec enthousiasme la forme et la puissance de notre corps. À l’intérieur de celui-ci nous expérimentons un sentiment identique à l’enfant dont les yeux brillent à la sortie d’un film de Walt Disney, c’est la féerie qui nous innonde. Le mélange de ces deux sensations nous ennivre d’un amour pour la vie. C’est avec allégresse que nous effectuons la descente.

Le paysage, la marmotte qui nous guette, les fleurs de montagnes, une belle pierre provoquent de nombreuses haltes pour encore et toujours nous amener à nous fasciner devant le création de l’univers, la beauté simple qui nous entoure et à nous poser cette questions :
Comment l’Homme peut-il allègrement sans un regard, sans un pincement au coeur détruire tout cela ?
Comment l’homme peut, sans réfléchir et majoritairement pour des intérêts financiers et non pour le bien être de ses semblables, recouvrir cette nature si délicate et raffinée de ciment, de goudron, de béton ?
Pour l’instant combler par cette merveilleuse journée, nous gardons notre joie de vivre.
Et après 7 heures de marche nous retrouvons le camping et notre maisonnette en toile pour une belle nuit de rêves merveilleux !
Le lendemain, retour sur nos vélos et après 4 kilomètres de route nous franchissons le col de St Martin.

Nous descendons sur St Martin de Vésubie, très beaux villages à visiter. Alors que nous déambulons dans les rues avec nos vélos, un couple autochtone nous propose de laisser nos destriers dans l’entrée de leur cours pour que nous puissions parcourir les rues tranquillement.

N’est elle pas belle la vie?
Mes expériences de vie accumulées me convainquent que si dans les parties insondables de mon âme je suis dans des dispositions positives, de paix et d’amour je ne fais que de belles rencontres.
Et cela se poursuit dans le village suivant où se déroule un marché provençal très animé et joyeux. Un rémouleur ! Chouette, j’en profite pour faire affûter mon couteau qui en a bien besoin. Je veux le rémunérer pour son travail il me répond:
» donne moi un euro pour maintenir le lien de l’amitié. »

Je souris à la vie et elle me sourit !
Et c’est la tête en fête que nous dégustons une socca :galette de pois chiche et une pissaladière aux anchois.
Après ces moments inoubliables, la chaleur s’accentue et il est grand temps pour nous de partir sur les pentes du col de Turini, connu dans le monde entier, car emprunter régulièrement par le rallye de Monte-Carlo.
Ce col va nous élever à 1607 mètres d’altitude avec un dénivelé de 1107 mètres pour 15 kilomètres de montée.
Si les premiers de ceux-ci sont relativement facile la dernière partie présente une rampe régulière à 9%.
Il va nous faire souffrir ce col, car il est fait très chaud et notre corps n’est pas habitué à une telle chaleur. Heureusement, nous traversons des forêts de conifères qui nous offre un peu d’ombre, nous croisons une source qui va nous faire un bien fou avec une eau très fraîche.
Mais après quelques kilomètres la canicule nous accable à nouveau, le vélo zigzague sur la route, l’air nous manque et les forces aussi. Alors en bord de route, nous posons nos vélo, nous nous allongeons sur le bas côté pour un somme récupérateur.

Des voitures sont-elles passées à environ un mètre de nous ? Je n’en sais rien, mais qu’est-ce que nous avons bien dormi et c’est cela l’essentiel. Une micro sieste rien de tel pour se remettre en selle et retrouver toute sa noblesse pour terminer l’ascension du col.
A mon arrivée au sommet, je suis époustouflé et je n’en crois pas mes yeux.
Les connexions de mon cerveau font des étincelles devant ce qui se présente à moi et qui est complètement invraisemblable.
Sur la route et les bas côté, il y a de la neige, tout est blanc et des ouvriers s’affairent à installer des décors de Noël! Je ne réalise pas ce qui se passe.
Tout d’abord, je pense que je suis encore allongé sur le bord de la route en train de dormir et je rêve à un peu de fraîcheur. Mais ce n’est pas cela puisque voici ma belle qui arrive à ma hauteur en s’exclamant : « Mais qu’est qui se passe ici ? »
Avons nous un mirage dû à la chaleur ?
Ou est-ce une mauvaise digestion de la pissaladière qui nous provoque des hallucinations ?
Rien de tout cela, ce qui se passe est très simple, le col de Turini avec ses lacets en épingle à cheveux, a consacré lors des nombreux rallyes qui le parcoururent la mini Austin comme une petite reine.
Tout ce que nous voyons est bien réel, ce n’est pas un mirage ou autres délire, c’est un décors mis en place pour tourner cette nuit une publicité pour la nouvelle mini Austin.

Nous en sommes abasourdis. Nous qui ne sommes pas téléphiles et encore moins addict de la publicité, nous sommes stupéfaits devant les moyens financiers développés pour une pub de quelques secondes.Nous ne traînons pas en ce lieu où nous sommes plutôt des objets hétéroclites.
Nous nous lançons dans un belle descente, la route s’insinue dans une vallée très étroite aux pentes abruptes très rocheuses où des conifères on ne sait pas quel subterfuges arrivent à trouver la force de pousser. Nous savons que dans un tel décor qui n’est pas factice, il va nous être difficile de trouver un petit espace pour notre bivouac.
Nous ralentissons pour mieux observer si un recoin a peu prêt plat pourrait nous accueillir, les kilomètres défilent et rien ne se présente à nous. Lorsqu’à 4 kilomètres de Sospel se pointe le camping, ce n’est pas vraiment de gaité de coeur que nous franchissons l’entrée de ce lieu, mais comme le dit le proverbe » en guise de grive, on mange des merles ».
Un peu d’inadvertance et mon mental me domine, celui-ci dans sa danse n’entraîne jamais d’idées positives, il aime nous aspirer vers des sentiments qui me tourmente, il me dit » c’est la poisse d’aller dans un camping ; tu n’avais pas envie, c’est pas ta démarche etc ; et j’en passe et des meilleurs. Plutôt que de repousser son système pervers, je me suis laissé piégé et mon moral se retrouve en berne et pourtant… Si nous savions, nous aurions la tête en fête
Nous allons à l’accueil pour nous enregistrer. Je laisse faire Laetitia, car je suis plutôt bougon, nous sortons et là qui voyons nous ?
Philippe notre ami Belge qui est tout heureux de nous revoir et s’empresse de nous dire qu’il y a de la place pour s’installer à côté d’eux. Dès leur arrivée au camping ils ont loué un frigo qu’ils ont rempli de bière et de beurre ; produit qu’il est impossible d’emmener à vélos et que nous aimons sur une belle tranche de pain. Il nous dit nous partons au restaurant et il fini en nous disant: « Alors en nous attendant servez vous ».
En définitive ce camping est magnifique, il est installé dans d’anciens vergers cultivés en terrasses. Les propriétaires ont remis en état ces dernières et gardé un maximum d’arbres fruitiers. C’est réaménagé avec gout et respect de l’environnement.
Les suppositions sont le fruit de perturbations du mental, quelle perte d’énergie inutile!
Nous nous installons proche du campement de Carine et Philippe, le temps de monter la tente et de nous doucher, arrive l’instant détente avec une bière récupéré dans le frigo. Merci à vous deux !

Ils ne tardent pas à revenir, la soirée est douce et nous la passons à parler de notre voyage et d’autres choses tout cela entrecoupé de rire tout en vidant quelques bières alors que des lucioles vont venir danser autour de nous. Nous ne verrons pas l’heure passer et c’est une belle soirée qui reste gravée dans nos mémoires.
Le lendemain petit déjeuner avec Carine et Philippe, on papote encore un peu puis départ.
Nous pouvons entonner : » ce n’est qu’un au-revoir les amis, nous ne tarderons pas à nous revoir ! »
Se dévoile pour nous une journée aux effluves de victoire, nous allons à la rencontre de la Méditerranée ce qui signifie:
la traversée des Alpes est réussie !!!
Nous quittons le camping, passons le charmant village de Sospel et abordons la montée du col du Castillon, un amuse bouche pour nous. Sept kilomètres avec une pente moyenne à 5% et le dernier kilomètre le plus sévère à 6,8%. Après une montée facile sous un soleil radieux et le chant de l’insecte emblème du sud de la France, voici le col à 706 mètres d’altitude.

Nous sommes déçus car nous pensions voir la grande bleue comme récompense mais elle reste invisible et il nous faut amorcer la descente pour que notre impatience se calme.

Une route charmante nous mène jusqu’à Menton. Là, nous pénétrons dans un monde que nous avions oublié.
Le contraste est effarant et affolant.
De la foule, du bruit, une chaleur étouffante. Si jusqu’à présent dans les offices du tourisme où nous nous rendions pour faire tamponner nos passeports il y avait toujours un mot agréable associé à un beau sourire, là c’est avec mépris que nos cartes furent tamponnées.
C’est vrai qu’avec nos vélos de baroudeurs et nos têtes ébouriffés on dénote énormément dans ce milieu sophistiqué.
Nous prendrons quand même le temps d’une photo face à la mer, mais il nous faut encore rejoindre Nice.

Et oui chers amis lecteurs, la route des grandes Alpes se termine à Nice et non pas sur le bord de la première plage que l’on croise, nous ne sommes pas au bout de nos peines.
Direction la Turbie.
La route monte, monte et il fait très, très chaud. La circulation est intense et nous n’avons plus à faire aux automobilistes sympathiques des Alpes qui nous encourageaient. Ceux de cette région auraient plutôt tendance à vouloir nous écraser.
Dans les Alpes nous avions croisé avec leurs voitures de sport et leurs regards hautains quelques uns de ces spécimens d’humanoide qui pullulent ici. Ils sont handicapés de la mâchoire et ignorent le bonjour ou le sourire.
Où est la convivialité avec laquelle nous cohabitaton depuis tant de jours?
Arrivée à la Turbie 450 mètres au-dessus du niveau de la mer, pas étonnant que ça monte, quand on part du niveau zéro. Des CRS sont postés à un carrefour, ce jour ce sont les seuls à nous saluer, nous faire un grand sourire et nous encourager.
La Turbie commune frontalière avec la principauté de Monaco, nous allons nous y arrêter pour casser la croûte en dominant toutes ces villas avec parcs, jardins et piscines. Nous préférons nos bivouacs en solitaire que ces demeures et leurs habitants où tout n’est que façade et paraître.

Mais où est l’Homme avec son cœur et son sens du partage et du respect ??
Depuis la Turbie nous filons sous une chaleur accablante, dans un mouvement et tintamarre de véhicules nous donnant le vertige en direction du col d’Eze et ses 507 mètres d’altitude. Heureusement, la déclivité est sur des pourcentages de 2,5%.
Le dernier col de la traversée des Alpes et nous le passons avec moins d’enthousiasme que les haut sommets.

Nous ne résistons plus à cette chaleur et ce bruit, il nous faut du calme et du repos. Dans le parc départemental de la grande corniche, nous arrivons à trouver une petite route qui nous mène vers un lieu tranquille pour une bonne sieste. Nous continuons de monter cette route,( les pourcentages ne nous font plus peur ) et nous arrivons au fort de la Revère avec une vue saisissante sur la côte où se découpe les différents caps.

Et en nous retournant les Alpes nous disent au revoir.

Nous sommes à 700 mètres d’altitude sur une éperon calcaire, le climat est particulier car soumis aux influences maritimes et aux courants venant en droite ligne des sommets alpins
En nous mettant à l’écart nous ne serons vu de personnes et passerons une nuit presque tranquille à la belle étoile,

les seuls qui vont nous débusquer ce sont les sangliers à qui je filerais une belle trouille en poussant un hurlement de barbare que seul un voyageur à vélo ayant franchit les plus grands cols Alpins soit capable d’éructer.
Le lendemain une grande descente et voici Nice,

Le dernier tampon à l’Office du tourisme et la première partie de notre défi se termine dans une grande fierté.
Nous venons de réussir notre défi de parcourir:
773 kilomètres,
21 cols
17 248 mètres de dénivelé positif.
Le brouhaha de la ville ne nous donne pas le temps de fêter cette prouesse, car nous n’avons qu’une idée nous sauver de cette côte d’Azur où il y a trop de monde, trop de bruit.
Et maintenant notre regard se porte vers les Pyrénées mais il faut d’abord parcourir quelques centaines de kilomètres avant de les rejoindre.
Suivez nous sur nos étapes de transition, je vous garantie que l’ennui ne sera pas notre compagnon de route !
Durant les fêtes de fin d’année, je ne publie pas d’articles le 25 décembre et le 1 et janvier.
Belles fêtes à tous!
Bravo ! Belle page de souvenirs et de photos toutes plus sympathiques les unes que les autres. Belle page de conclusions et d’espoir pour les prochaines étapes.
Passez de belles fêtes à votre tour et merci pour ce travail de rédaction et d’archivage très accompli.
Amitiés, Thierry
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