Le Pays Basque et l’océan Atlantique !
Ce matin, c’est sous un ciel couvert que nous traversons Aoiz, proche du lac d’Itoiz. Le village est encore dans une ambiance de fête qui a dû battre son plein hier au soir et vu les costumes des messieurs, elle doit se prolonger aujourd’hui. Nous ne prendrons pas le temps d’y participer pourtant nous l’aimons bien cette Espagne que nous venons de découvrir.
Nous avons apprécié:
- Cette langue chantante
- Les automobilistes attentifs aux vélos
- Les fontaines dans chaque village
- Les restos pas cher.
Nous longeons les gorges de l’Irati qui se trouvent dans la plus grande zone boisée de la péninsule Ibérique et la plus grande hêtraie d’Europe à cheval sur l’Espagne et la France.
Nous n’avons qu’une envie mieux la connaître, mais pour l’instant nous prenons la route pour un retour en France.
Notre route ne fait que monter et descendre, cela nous amène au mirador d’Ariztokia. Ici en Pays Basque on retrouve de la verdure et les villages typiques sont bien fleuri, cela nous change des zones désertiques et brûlées par le soleil. Ça grimpe bien et à la sortie d’Aribe il nous faut passer un col pour franchir la frontière afin de rejoindre St Jean Pied de Port. Nous avons fait le choix d’une petite route mais la signalétique est mauvaise et plus nous montons, plus le brouillard s’épaissit ; heureusement il ne fait pas froid mais notre visibilité ne va pas au-delà de 10 mètres.

Nous entendons des clarines proches de nous, mais nous ne verrons jamais les vaches. Un bon point cela nous rassure il y a de la vie dans le coin, nous ne sommes pas vraiment perdu.
C’est incroyable comme le brouillard fait perdre tout repère d’orientation.
Nous nous rendons bien compte que nous sommes au sommet car la pente s’est adoucie. Nous roulons attentivement à la recherche du moindre panneau, nous arrêtant car nous voyons des formes qui pourraient être une flèche signalétique, descendant de vélo pour s’en approcher nous découvrons des poteaux de clôture ou de randonnée, mais jamais une bonne indication pour nous.
Le brouillard amorti les sons et les objets deviennent des ombres, loin de leur forme d’origine. A ce stade il ne reste plus qu’à faire confiance à notre bon sens et de se dire » inchallah ». Nous trouvons une route qui descend légèrement sans aucune indication, nous nous y engageons, nous entrons dans une forêt de sapins et le brouillard se lève un peu, nous voyons au-delà de cinquante mètres ce qui est déjà plus agréable.
Et alors qu’il n’y pas d’intersection, dans un endroit incongrue un panneau indique la direction de St Jean Pied de Port!
Nous sommes sur la bonne route ; cri de joie pour nous et fierté de notre super sixième sens. Cette fois-ci nous nous laissons descendre en toute confiance. Si il ne fait pas froid avec ce brouillard nous sommes trempés, nous nous trouvons un coin de bivouac le long d’un chemin pas très loin de la ville.

Il y a mieux, mais pour ce soir cela va nous satisfaire.
Nous avons 94 kilomètres dans les jambes avec 1388 de D+, nous n’avons qu’une envie : manger et dormir.
Il va nous falloir encore patienter car dès la nuit tombée explosions et pétarades se font entendre ; c’est la fête à St Jean Pied de Port avec un sacré feu d’artifice. Nous restons blotti dans nos duvets attendant patiemment que cela passe.
Le lendemain nous arrivons à St Jean Pied de Port où nous allons faire quelques pas car la cité fortifiée est intéressante, mais la multitude de boutiques attrape » pèlerin » nous agace et nous partons sans tarder.
Un village s’annonce sur notre route :
St Etienne de Baïgorry
Très charmant avec son château du XII ème siècle, son pont romain, des maisons du XVII et XVIIIème siècle mais ce qui va nous faire stopper énergiquement, c’est la cave d’Irouleguy. Avec Laetitia nous avons quelques connaissances en vin mais nous n’avons jamais entendu parler de vin Basque. Nous entrons curieux et demandons à déguster. Nous ne sommes pas déçus, non seulement par la qualité des vins mais en plus le vendeur est un passionné de cyclisme et il nous avait déjà repéré au moment où nous stationnions nos vélos. La discussion bat son plein et est forte intéressante entre la découverte de cette cave qui fait vivre des petites exploitations dans le pays basque et les anecdotes de notre voyage à vélo. Nous partont avec une bouteille de vin rouge Gorri fruité et puissant qui est un assemblage de cabernet blanc, cabernet sauvignon et tannat.
Le vendeur nous déconseille la route du col d’Ispeguy, le dernier de la série Pyrénéennes à franchir nous disant que La route n’est pas belle ; en échange il nous conseille de remonter la vallée de Baïgorry où coule la Nive des Aldudes. Cette vallée a gardé un caractère vierge et est renommée pour la beauté de ses paysages.
Cependant, nous prévient il , vous aurez un sévère raidillon sur 500 mètres avant de repassez en Espagne.
Comme nous ne sommes pas économe en effort, nous allons franchir trois cols au lieu d’un seul ; mais que ne ferait-on pas pour avoir une belle route? Et enfin ce qui nous anime c’est de retrouver le dépaysement en Espagne.
Nous voici donc repartis. Quelques kilomètres plus loin, au centre du village de Banca, nous trouvons une aire de pic-nic où il n’y a que des tables. Nous allons nous débrouiller et débalons notre matériel pour casser la croûte. A ce moment là, de la maison voisine une dame sort et nous propose deux chaises que nous acceptons et nous précise : quand vous aurez fini de manger vous sonnez, le café sera prêt.

Effectivement casse croûte terminé un petit coup de sonnette et la dame nous amène un plateau avec le café et des petits gâteaux.
Nous discutons et elle nous explique que cette vallée à été gravement touchée par le chômage et c’est l’organisation d’éleveurs qui se sont réunis pour sauver la race de porcs Basque qui ont redonné un souffle économique avec élevage et fabrication de charcuterie traditionnelle.
Nous repartons mais pas pour bien longtemps, il est évident pour nous d’aller visiter cet élevage de porc basque. Dans le magasin de vente il y une telle queue que nous abandonnons l’idée de déguster un peu de cette charcuterie.

Cette fois-ci direction l’Espagne et nous passons Aldudes dernier village français, c’est ici que se trouve la rampe 20% annoncé, j’y met toutes mes forces et mon coeur. Laetitia me suit, c’est super long et cela devient de plus en plus difficile au moment où je me dis c’est pas possible je vais exploser de partout il faut que je m’arrête, la route me fait le cadeau de s’adoucir. Je m’arrête quand même car il faut retrouver le souffle ; mais la côte est vaincu et nous sommes hyper content. Le compteur m’indiquera une longueur de 500 mètres pour cette déclivité.
Le vautour était prêt à se régaler de nos cadavres mort d’épuisement…

La route continue à monter mais sur des pourcentages raisonnables, nous franchissons la frontière et quelque kilomètres plus loin arrivons au col d’Urkiaga 918 mètres,

on ne renouvelle pas le coup du Somport où arrivé en Espagne l’on découvrait un grand soleil, dans ces montagnes le temps est gris.
Après une descente nous voici dans les virages du col d’Arlesiaga 984 mètres, nous rencontrons de la pluie et du brouillard.

Une descente dans le brouillard et une belle averse.

et plus loin dans la vallée le soleil nous fait à nouveau de beaux sourires.

Après Aritura nous suivons une via verde longeant une rivière. Nous y trouvons un lieu pour notre campement et la rivière nous servira de baignoire qui est assez vaste pour que nous puissions nous ébattre. Les chauffeurs routiers installés sur le parking de l’usine sur l’autre rive se sont pris un petit peu rince l’oeil, j’espère plus pour Laetitia que pour moi.
Ces étapes de fin des Pyrénées sont sérieuses : 90 kilomètres pour 1440 m de D+.
Ce matin c’est direction » l’Atlantique » mais avant cela nous passons à Bera notre dernier village Espagnol, nous en profitons pour prendre un café.
Et voici un grand moment: la montée du col d’Ibardin, dernier col de ce périple pyrénéen. Un col facile de 6 kilomètres, une pente moyenne de 5% qui va nous élever à 317 mètres au-dessus du niveau de la mer.

A ce col, il y a une circulation de fou. Ce sont les Français qui viennent manger dans les restaurants espagnols situés dans les environs du col.
Dans la descente, quand l’Atlantique nous apparaît nous ressentons cela comme une belle récompense;
c’est notre ligne d’arrivée de la traversée de la route des grands cols Pyrénéens.
Nous ferons une pause dans un restaurant à Ascain pour nous féliciter de la traversée du quatrième massif montagneux. Il ne reste plus qu’à épingler le massif central mais avant cela il faut le rejoindre.

Encore quelques kilomètres et nous posons le point final à St Jean de Luz.

A notre grand dam nous retrouvons la foule, le bruit, les parfums et les huiles solaires, les vacanciers sont encore nombreux en ce 17 août.
Et nous n’en avons pas fini avec ce capharnaüm. Même si nous retrouvons la vélodyssée ( euro vélo 1), la côte Basque n’est que montagnes russes avec de sacrées pentes, mais ce n’est pas cela qui nous atteint le plus au moral. Du monde, du monde et encore et toujours du monde ce n’est pas vraiment notre monde !
Les cris, les coups de klaxon, mais où sommes nous ? Biarritz puis Bayonne si l’enfer existe nous l’avons rencontré, 58 kilomètres de ville avec une circulation de folie.
En nous il n’y a qu’un hurlement langoureux » Au secours » et nous n’avons qu’une envie fuir !
C’est tellement puissant que nous nous perdons l’un l’autre. A ce moment nous sommes comme les Dupont et Dupond (relisez Tintin) l’un sans l’autre il manque une roue au cycle, je dirais même plus il manque un cycle à la roue !
Enfin, l’on se retrouve dans un grand fou rire.
Après cet épisode, nous quittons l’agglomération de Bayonne et voici Boucau puis Tarnos, dans le calme des forêts Landaise nous allons pouvoir monter la tente et nous endormir dans un beau silence alors que dans nos têtes résonne encore le tintamarre.
Tout sourire nous nous disons bonne nuit et je crois que la dernière syllabe n’est pas prononcé que nous dormons déjà !

Salut Thierry,
Effectivement la traversée des Pyrénées fut un grand moment surtout que nous ne connaissions pas du tout ce massif.
Regrettable comme pour les Alpes que cela se finisse dans un horrible bain de foule.
Mais on peut faire comme on veut la mère l’été c’est beaucoup de monde.
Alors rendez vous pour la suite…
Amitié
Pascal
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Jolie conclusion pour une page de blog humide et tumultueuse. Le calme de la forêt landaise après le boucan et les mauvaise odeurs des stations balnéaires. Je vous comprends …
Merci pour cet épisode de votre blog et bravo pour ces Pyrénées magnifiquement explorées par vous deux !
Amitiés, Thierry
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