Étapes de transition
Très calme cette forêt Landaise et quel plaisir de se faire réveiller par l’aboiement d’un chevreuil. Nous sommes satisfait de l’avoir entendu, lui est certainement moins content car notre présence dans ce lieu où il est chez lui a dû le surprendre.
Après quelques tours de roues une petite bruine nous accompagne, il faut nous inquiéter du ravitaillement en eau, nous ne sommes plus en Espagne où dans chaque bourgade l’on trouvait une fontaine. Ici tout est organisé pour amener le touriste dans les campings. Nous apercevons un autochtone avec des jerricans vides qui s’éloignent de la piste et effectivement un peu plus loin en bord de route, se trouve un robinet. L’individu d’apparence plutôt homme des bois ne donne pas envie d’engager la discussion.
Malgré tout, il se rend compte que nous n’avons que quelques bouteilles à remplir et se retire de quelques pas pour nous laisser nous servir. Nous confabulons et il nous explique que l’arrivée en masse des touristes pose de gros problèmes pour l’approvisionnement en eau. Il habite un peu à l’écart du bourg et il n’a quasi plus de pression à sa sortie de robinet. L’autre problème ce sont les eaux usées car les stations d’épuration sont construites pour le nombre d’habitants inscrit dans la commune et non pour une population multipliée par 5 environ. Il pense avec d’autres habitants qu’il doit y avoir des rejets directement dans l’Atlantique dans des zones sauvages.
Ce n’est pas le genre d’informations qui remontent le moral d’écologistes comme nous, mais dans notre société où l’argent commande, tout est possible.
Pierre Rabhi disait :
» Il nous faudra bien répondre à notre véritable vocation qui n’est pas de produire et de consommer sans fin, mais d’aimer et de prendre soin de la vie sous toutes ses formes « .
Le reste de notre journée est bien calme et cela nous change des montagnes. Peut-être nous faut-il un temps d’adaptation ?
Le soir arrive nous nous rendons dans un camping à la ferme pour une douche chaude et quand nous regardons le compteur nous rigolons des chiffres du dénivelé 170 mètres !!!
Laetitia à une crevaison sur l’une des roues du vélo. La colle de notre matériel de réparation n’est plus efficace, soit trop vieille soit elle n’a pas supporté les grosses chaleurs. La chambre air de rechange que nous possédons a une valve trop large pour le trou de la jante. Nous avons bien fait de venir dans un camping à la ferme, une mèche, une perceuse prêté pas le maître des lieux et le tour est joué nous pouvons repartir.
Nous remontons la côte atlantique car nous avons rendez-vous avec l’un de mes fils qui est en vacances autour du bassin d’Arcachon.
Nous poursuivons sur la vélodyssée qui serpente dans les forêts de pins.
On observe des plages de sable fin qui se perdent à l’horizon avec les flots gris de la couleur du ciel qui n’incitent pas à la baignade.

A proximité de Mimizan nous découvrons
» Le gemmage « .
Le gemmage est une activité millénaire qui remonte à l’époque gallo-romaine et qui fut abandonnée dans les années 1990 pour des raisons économiques, plus rentable à l’étranger.
C’est un geste qui blesse le pin par une petite entaille pour qu’il fasse couler la résine, normalement celle-ci permet à l’arbre de se soigner ; ici la résine est récupérée dans un pot accroché au pin. Les gemmeurs sont les hommes qui effectuaient le geste pour inciser l’arbre avec “ un hopchòt “. Pour travailler en hauteur, ils montaient sur un “ pitèir “ sorte d’échelle à un seul montant. Cela demande des notions d’acrobatie et de souplesse. Le traditionnel béret et foulard n’était pas pour partir à la fête mais pour se protéger des copeaux de bois et de l’écorce qui vole partout au moment de l’entaille.

Quand les pots étaient remplis de résine, les femmes souvent aidées des enfants vidaient ceux-ci dans des “escouarts “ récipients en bois ou en zinc qui seront à leur tour vidés dans des barriques puis menés à la distillerie de résine.
Le résinier pouvait entretenir de mars à octobre jusqu’à 7000 pins. Nous profitons de cette pause pour nous promener dans la réserve biologique des lacs de Mailloueyre.
Et c’est proche du lac de Biscarrosse que nous passons la nuit. Une nuit un peu bruyante en rase campagne, surprenant ! Tout simplement qu’au crépuscule une pompe s’est mise en route pour irriguer les cultures et à fonctionné toute la nuit avec un “ Tchip, tchip “ incessant.
Le lendemain, sous longeons la dune du Pilat, trop de monde pour s’y aventurer. Nous prenons le bateau à Arcachon pour débarquer à Le Canon. Depuis le bateau nous avons un bel aperçu de la dune. En l’observant longuement, nous avons un mirage, une forêt de pins a pousser au sommet de la dune?! C’est tout simplement la masse de touristes qui deambule, heureusement que nous avons éviter de grimper ce monument de sable.

Après deux jours passés en famille, nous partons pour Lacanau. La piste cyclable est incroyablement droite et de temps à autres les bosses ou trous que provoquent les racines en soulevant le macadam nous obligent à garder une certaine attention et cela évite de nous endormir.

Le soir, après avoir pris notre souper sur des tables de picnic, nous recherchons l’endroit pour notre bivouac.
Nous ne roulons pas vite et nous nous arrêtons régulièrement pour observer si nous trouvons le bon endroit. Cela fait que nous doublons et redoublons après chacun de nos arrêts un monsieur sur un vélo à côté d’une dame qui court. Nous apprendrons que le monsieur âgé n’est autre que le papa de madame. Curieux il nous demande ce que nous faisons alors que je me suis éloigné dans la forêt. Laetitia explique que nous cherchons notre lieu de bivouac et la dame de dire: mais venez vous installez dans la pelouse autour de la maison. Ce que nous acceptons. Nous voici arrivés aux portes d’une villa magnifique et nous montons la tente en bord de la piscine.

Nous passons la soirée à discuter et nous serons invité à prendre le petit déjeuner avec eux.
Le matin, alors que le jour se lève, la dame un peu embêtée vient frapper à notre tente si l’on peut dire en s’excusant de nous réveiller car l’arrosage automatique va se mettre en route! Me doutant un peu de la chose, nous étions déjà bien avancé dans le rangement de nos affaires.
Beau moment, dans cette famille de sportifs, la dame se préparait pour le marathon du Médoc qu’elle allait courir avec son fils et le papa âgé de 85 ans fut un grand joueur de rugby, il nous dit aussi :
Vous qui êtes fervent de col, dans la région nous avons un col particulier qu’il faut absolument franchir!
Avant de partir nous eûmes en cadeau un pot de confiture de mûres que nous avons déguster au petit déjeuner et qui était délicieuse.
Après ces instants de convivialité nous partons pour visiter Bordeaux:
- L’entrée dans la ville nous surprend par sa facilitée
- Belles pistes cyclables
- Un balisage qui fait rêver à de grands voyages.

Nous laissons nos vélos à proximité du monument aux Girondins ; ils ne risquent rien, protégés par la mémoire de ces révolutionnaires décapités en 1792 qui étaient porteurs des grands idéaux de la liberté.
Nous passerons la soirée chez l’habitant, c’est Mathilde et Frédéric qui nous accueillent et nous donneront la bonne adresse de la Toque d’or pour déguster les meilleurs “ Cannelés Bordelais “.

Nous quittons la grande ville, ravi d’avoir découvert la métropole des lumières avec ses palais, abbayes et une riche cathédrale. Nous prenons cette fois-ci la direction de Royan voulant remonter l’estuaire de la Gironde et traversons des vignobles alléchants tels que celui de Margaux ou du Haut Médoc.
Nous prenons le bac à La Marquise pour rejoindre Blaye.
Ce fut une ville verrou sur l’estuaire grâce à des fortifications Vauban. A traverser tous ces vignobles cela devient impossible de résister et nous acquérons un côte de Blaye, un vin corsé et tannique. Nous avons déjà installé nos bivouac dans des endroits originaux mais ce soir, c’est un peu fort de café, nous dormons sous la vigilance des tours de réfrigération de la centrale nucléaire, pour rééquilibrer cette situation nous avons une vue sur la Gironde, les carrelets et des vaches.

La nuit sera bonne malgré la situation originale et nous ne serons même pas ennuyé par les moustiques peut être tous endormi par la radioactivité?!
Nous repartons sous un ciel bleu et Laetitia n’a d’yeux que pour les carrelets.
Des pilotis surmontés d’une passerelle quittant la rive et qui rejoint au-dessus des flots une cabane en bois prolongée par un filet quadrangulaire se balançant dans le vide. Ces filets sont immergés à l’aide d’un treuil pour draguer la crevette ou le mulet. Nous sommes dans la mecque des carrelets ; dans le pays de Royan ils sont visibles par grappe ou isolés. A tout moment de la journée leur silhouette biscornue crée un paysage particulier, celui-ci s’accentue le soir au moment du coucher de soleil.
Quand je regarde les yeux de Laetitia se reflète dans ces yeux des carrelets et encore des carrelets.

Un matin, des hommes pêchent aux carrelets ; nous laissons nos vélos pour quelques temps et nous avançons sur l’une de ces passerelles brinquebalantes, il faut avoir le pied marin. L’homme nous attend le sourire aux lèvres voyant bien notre méfiance envers cette assemblage de bric et de broc. Le pêcheur nous rassure en disant:
- Ne craignez rien c’est du solide, nous le vérifions et remplaçons les pièces abîmées tous les ans.
Ce fut encore une rencontre incroyable, car les carrelets sont implantés le long de l’estuaire par dizaine et ceux occupés par les pêcheurs nombreux ce matin et nous rencontrons un pêcheur passionné de vélo. C’est incroyable ! Il nous raconte l’histoire des carrelets, les tempêtes dans l’estuaire et la reconstruction des cabanes et passerelles. Il descend le filet pour remonter quelques crevettes. Une fois le carrelet sorti de l’eau, il faut une épuisette pour récupérer ces crustacés aquatiques nageurs qui sautent de tous les côtés.

Mais il nous dira que ce qu’il préfère ; c’est s’installer à la balustrade de la cabane, laissant son carrelet dans l’eau sans se soucier. Ses yeux bercés par les flots rejoignant l’autre rive et s’émerveiller en laissant le temps s’écouler sans compter.
Nous apprendrons au port de Maubert qu’il y avait des esturgeons et un commerce de caviar en Gironde. Jusque dans les années 50, il y était produit de 3 à 5 tonnes de caviar.
L’estuaire devient de plus en plus large, nous aurions presque oublié nos cours de géographie. La Gironde est l’estuaire le plus grand d’Europe 75 kilomètres de long pour 12 de large, il charrie de 2 à 8 millions de tonnes de particules en suspension et lors des marées montantes c’est 1500 millions de M3 d’eau de mer qui pénètrent dans l’estuaire.
Nous arrivons au village de Meschers sur Gironde célèbre pour ses grottes et habitations troglodytes.
Pour nous, approche le moment de monter notre bivouac…
Le lendemain nous parvenons à Royan et nous apercevons le phare de Cordouan qui est implanté à 7 kilomètres en mer à l’embouchure de l’estuaire de la gironde,

ainsi que le phare de la Courbe le plus haut phare Charentais 68 mètres de haut.
Enfin la Tremblade et ce n’est pas pour rien si nous sommes ici, je veux faire découvrir à Laetitia un plat typique Oléronnais : une éclade.

Une planche de chêne sur laquelle il faut placer les moules debout en forme d’escargot, on recouvre d’aiguilles de pin et on met le feu. Les aiguilles éteintes vous n’avez plus qu’a déguster les moules bien chaude et moelleuses, il faut croquer dans un peu d’ail et tout cela avec un vin blanc de pays. C’est un vieil Oléronais qui m’a appris et fait déguster ce plat simple mais tellement bon!
Nous nous régalons au resto “ le Bon Vivant “ ne serait-ce pas un nom qui nous correspond bien ?
Sur un ponton au bord de la grève, nos papilles s’émerveillent de ce plat un peu original et nous rêvons à la suite de notre voyage..

Salut Thierry,
Quand nous avons effectué ce parcours nous étions sûrement au paradis et nous en avions bien conscience.
Et les bons moments ne sont pas fini …!
Amitié
Pascal
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Encore une très belle page de souvenirs ensoleillés au goût de mouclade et aux tanins des petits vins du coin. Ne serait-ce pas le paradis ? ou l’envie de vacances ?
Merci, amitiés, Thierry
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Merci à vous et vivent les balades !!!!!
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Génial si cette balade apporte du soleil et de la lumière. Merci de nous suivre.
Merci pour l’annotation rectification effectuée.
Amicalement
Pascal
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Oh merci beaucoup pour cette balade, les photos ensoleillées, la lande, la plage… HUm, que ça fait du bien. Très bon week-end
Nb : et juste dans un intertitre un s et un m en trop se baladent, eux aussi, après qu’il…
🙂
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