Bientôt un rendez-vous un peu particulier, qui sera précédé d’une anecdote réservée aux bon vivants !
Avant de rentrer dans le vif du sujet de cette étape je vous partage l’arrivée du printemps ici en Algarve.

Dans le dernier épisode, nous étions au restaurant et quand nous l’avons quitté, le soleil ne nous avait pas attendu pour ce coucher. Il ne fut pas facile de trouver un lieu de bivouac alors que la nuit arrivait. Mais rien n’est refusé aux gens de bonne volonté et nous sommes accueillis dans une zone d’activité viabilisée, mais où il ne se passe aucune activité et où seule la friche à repris son activité ; envahir ce que l’humain abandonne.
Ce matin nous longeons les marais de la Seudre, lieu d’une grande diversité au niveau floristique et faunistique.
Nous accédons à Vaux sur mer, nous nous rendons au marché et Laetitia repère de suite un stand où il est possible de déguster du pineau des Charentes. Le vigneron nous accueille avec une jovialité débordante et communicative. Nous dégustons, nous parlons voyage et en échange il nous parle vin.
Nous dégustons et redégustons et nous voici nous aussi emportés par une joie impétueuse. Dans un élan de gourmandise, je me dirige vers le stand voisin qui vend des huîtres, je choisis six de ces plus beaux spécimens de mollusques marins que l’ostréiculteur ouvre avec une maîtrise qui me fait pâlir d’envie. Je rejoint le stand où l’ambiance ne faiblit pas et le vigneron me propose un blanc dont-il me dit :
- Tu m’en donneras des nouvelles !
Lui dire que son liquide d’un jaune paille est excellent ne doit pas être une nouvelle exceptionnelle pour lui alors je me contenterais d’un :
- Je me régale !

Nous nous amusons à annoncer à qui veut l’entendre qu’il est notre sponsor officiel et en remerciement il nous remplira gracieusement notre fiole de pineau.

Moment de convivialité inoubliable!
L’alcool ne nous monte point à la tête et nous n’oublions pas le rendez-vous que l’on s’est fixé ; pour rejoindre ce lieu assez incroyable nous revenons sur nos pas et retrouvons Royan.
Ce doit-être une rencontre exceptionnelle pour que nous acceptions ce retour en arrière !
On emprunte le bateau pour traverser l’estuaire et après le débarquement filons sur Soulac. Nous retrouvons l’immensité de la forêt des Landes de Gascogne, une superficie de près d’un million d’hectares; elle est la plus grande forêt artificielle d’Europe occidentale conduite intensivement et majoritairement en monoculture de pin maritime.
Vu le temps passé sur le marché, le rendez-vous est reporté au lendemain en attendant nous passons nos
4000 kilomètres

instant incroyable pour nous ; cette occasion doit être marquée par une originalité et bien sur un toast porté à notre constance.

Nous ne mettons pas notre rendez-vous au calendes Grecques, mais pour ce soir nos jambes sont légèrement coupées par les effets de l’alcool et nous installons notre bivouac entre des pins.
Au matin le ciel est bien noir et au moment où s’approche le temps de midi un orage éclate, les cieux étant avec nous voici un kiosque en bois qui va nous abriter le temps que la colère de Zeus se tarisse. Décidément, devons nous nous rendre à ce rendez vous ?
Pour nous y préparer nous nous ragaillardissons !

Nous passons Hourtin et arrivons face au dernier grand défi de notre tour de France des massifs !
Voici le col qu’il nous était impossible, impensable d’éviter par crainte d’une côte trop sévère ! Face à nous la route se dresse, les lacets se succèdent, le sommet là haut est invisible enveloppé dans les nuages. Mais que m’arrive t-il? Serait ce les effluves du vin ? En danseuse je termine les derniers mètres de ce col, si nous ne l’avions pas accroché à notre tableau d’honneur ce dernier n’aurait aucune valeur voici, je vous présente :
“ le col du Château d’Eau d’une hauteur de 34 mètres »
Oui vous avez bien lu 34 mètres au-dessus du niveau de la mer, c’est le col le plus bas de France.

Il fallait le chercher celui-là, merci au Monsieur qui nous a accueillis à Lacanau et qui nous a parlé de ce lieu cocasse car nous ignorions son existence. J’ai du mal à comprendre qu’il soit méprisé par le tour de france !
Après cet exploit, nous arrivons à Moutchic un quartier en bord du lac de Lacanau et nous nous installons dans un camping, du gros temps est attendu pour demain.
Après le passage de ce col nous terminons cette étape » de montagne » avec 85 kilomètres et 129 mètres de D+.
Le lendemain, ce fut une belle journée de belle pluie et nous repartons le surlendemain sous un beau soleil. Nous décidons de prendre un peu de temps pour mieux découvrir le bassin d’Arcachon. Nous empruntons un chemin côtier qui longe cette lagune, elle abrite un parc naturel marin. Les paysages sont extraordinaires

Nous resterons hébétés devant la profusion d’oiseaux que nous méconaissons. Pour nous remettre quoi de mieux qu’un verre de blanc allongé dans une chaise longue face à la mer proposé par un bar inclassable.

Après ce verre de vin blanc, le tour des massifs va prendre une allure de gastronomie. Nous avons déjà traversé les vignobles de Margaux, du haut Médoc,

des côtes de Blaye. Nous avons longé le vignoble Charentais alors nous décidons de poursuivre dans cette aventure d’oenotourisme comme nous n’avons plus de vrai col à nous mettre sous la dent ou plutôt sous les pédales.
Nous rentrons dans Villandraut et à l’office du tourisme, on nous conseille de pousser jusqu’à Captieux où se cache une spécialité le “ Puit d’Amour “ . Le nom en lui même est déjà alléchant mais cette pâtisserie est une extraordinaire douceur.
Après cela, nous sommes contents de retrouvee des forêts de feuillus pour nos bivouacs et c’est vraiment plus agréable.
Dormir sous la tente dans une telle forêt où cohabite le chêne, le charme, l’hêtre, le boulot…c’est extraordinaire car une fois la nuit arrivée une multitude de bruits s’élèvent. Nous nous amusons à retenir notre respiration pour encore mieux les percevoir et repérer de quel animal il peut s’agir. Les différents chants des oiseaux de nuit dont celui de la chouette effraie, qui effrairai surement de nombreuses personnes, au contraire cela nous apporte du contentement et nous aimons les entendre hululer et se rapprocher de notre nid.
Certains sont facilement reconnaissables tel le sanglier avec ces grognements, le chevreuil avec ses aboiements ou encore les glapissements du renard. D’autres restent des énigmes et s’en est bien ainsi il nous permettent de rêver à cette vie nocturne intense et d’y participer discrètement.
Deux mots sur la chouette aujourd’hui protégé mais trop souvent considérée comme un oiseau de mauvaise augure. Au moyen âge associée aux sorcières, mais les sorcières étaient-elles vraiment de mauvais personnages ? Ou peut-être des personnes qui réfléchissaient différemment ? Chez les grecques la chouette est l’animal sacré de la déesse Athéna symbole de la sagesse et de l’intelligence. Vu la beauté de l’animal je resterais sur cette idée. Mais au fait connaissez vous la différence entre la chouette et le hibou?
Ce matin nous longeons le château d’Yquem,

nous commençons notre journée par le sommum des vins de Bordeaux. Ici est produit un vin liquoreux du même nom que le château. C’est le seul sauterne classé premier cru supérieur. Le château quant à lui est classé aux monuments historiques. Pour la petite histoire, la bouteille la moins onéreuse est au prix de 220€ et monte jusqu’à 5000€ pour un millésime. Après ce plaisir qui se limite à celui des yeux, nous traversons le vignoble de sauterne pour arriver à Langon.

Décidé à goûter un Sauterne, nous nous arrêtons chez un caviste qui s’avère être une caviste. Nous lui expliquons que nous voulons un bon sauterne en demi bouteille si c’est possible du fait que nous sommes à vélo. Et à notre grande surprise elle nous parle du sauterne avec passion et nous l’écoutons avec assiduité pour finir par nous dire:
» je ne vous vendrais pas de bouteille, car vous ne dégusterez pas ce vin dans les bonnes conditions. Par contre si cela vous dit, je vais téléphoner à des restaurants pour voir ce qu’il propose comme sauterne et s’ils ont ce que je considère comme un bon produit. À ce moment là, vous pourrez le déguster à la bonne température et dans le verre adéquat. «
Voici qu’elle téléphone à des restaurants interrogeant son interlocuteur sur le château et l’année. Après plusieurs conversations elle nous dit que nous pouvons nous rendre au “ cochon volant “ ils ont un sauterne excellent.
Nous la remercions mille fois et c’est bien la première fois que je vois quelqu’un qui refuse de vendre par amour pour son produit.
Le restaurant “ le Cochon Volant » pour nous ex éleveur de porc il fallait le trouver celui-là ; après “ les bons vivants “ nous sommes en adéquation avec les restaurants que nous fréquentons.
Au restaurant, on nous attendait la caviste ayant rappelé le restaurateur pour lui confirmer notre arrivée. En terrasse nous dégustons un magnifique sauterne, le verre élégant posé sur notre table nous admirons ce vin liquoreux à la robe d’orée, nous ne sommes pas pressé et en quasi extase.
Nous saisissons délicatement le verre par son pied, nous laissons monter les effluves à nos narines avant de le faire tourner dans le verre pour une légère oxygénation. Ce sont des volutes qui parviennent à notre cerveau ; celui-ci enregistre des parfums de fruit confit mais parler serait rompre la cérémonie de cette dégustation.
Puis doucement nos lèvres se portent sur le buvant du verre et une petite gorgée envahit notre bouche, en grumant les saveurs explosent, d’abord des parfums d’agrumes puis de miel et d’épices. Nous déglutissons doucement afin de profiter au maximum de ce breuvage des dieux. La persistance en bouche est exceptionnelle c’est un vin d’une incomparable élégance avec une puissance magnifique. Je conclut cette dégustation en disant c’est un vin sensuel.
Nous prendrons tout notre temps, car se retrouver face à un vin de telle qualité; il convient de procéder par des gestes cérémonieux. C’est un vin de Raymond Lafon, voisin du château d’Yquem et qui fut régisseur de celui-ci.
Nous avons le temps d’étudier la carte du restaurant et nous ne résistons pas. Nous allons nous attabler, Laetitia se régalera avec un magret de canard et moi je découvrirais les parfums de la palombe accompagné d’un Médoc classé cru bourgeois. Il y a des jours où il faut savoir se faire plaisir !
Nous arrivons encore à pédaler et nos jambes arrivent à nous mener à La Réole, ville d’art et d’histoire.
Pour ce soir nous placerons notre tente proche du Dropt et nous sommes dans le vignoble : “ Entre deux Mers “. En de tels lieux nous ne pouvons que bien dormir.
Le lendemain nous arrivons à Monségur, il est encore un peu tôt pour s’arrêter à la cave des vignerons réunis de Monségur. Cette cave est un peu particulière, créée en 1936 par un groupe de viticulteurs conscient de la nécessité d’unir leur force. Elle fonctionne sur des valeurs partagées entre les vignerons et les employés afin que chacun donne le meilleur de lui-même. Le village est charmant avec une belle place, des arcades et une grande halle. Puis nous rejoignons Duras et découvrons le petit vignoble des côtes de Duras, cette fois-ci il est midi et nous nous laisseront guider chez un caviste pour l’achat de deux bouteilles.

Nous cheminons entre verger et vignoble et nous retrouvons des petites bosses qui font du bien à nos cuisses. Ces vergers garnis de fruits gorgés de jus sont tentant et je ferais un peu de maraude de pêches et de figues.
Il est temps de nous poser pour la nuit je ne sais si ce n’est la joie d’avoir un côte de Duras pour le repas du soir, mais je m’allonge un peu violemment sur mon matelas gonflable que j’avais posé directement sur la prairie, il ne résistera pas à des herbes sèches et dures. Pffft! l’air s’évade et c’est avec un air penaud qu’il va falloir que je dorme à même le sol. Heureusement, ma dulcinée me sauve avec du matériel de réparation spéciale pour les matelas!
Le lendemain, la route étroite se tortille dans une belle campagne et nous mène au village de Monbazillac.

Comment est-ce possible de passer de tel vignoble sans s’arrêter ? Dégustation à la maison des vins où nous découvrons le Pécharmont un vin rouge à la robe noire avec un final chaleureux en bouche.
Une belle pluie orageuse nous bloquera sous la halle du marché récente et inoccupée ce jour, tout va bien il est midi, casse croûte, sieste et au moment de repartir le ciel est devenu plus clément.

Nous irons faire un petit tour au château

et nous filons sur Bergerac où surement Cyrano nous attend, il doit bien avoir quelque côtes de bergerac à déguster.
Au pied d’une descente alors que j’ai une certaine vitesse, qu’elle surprise nous croisons nos hôtes de Bordeaux en vélo qui partent pour quelques jours. S’ensuit une discussion en bord de route et ils reprennent leur chemin alors que nous arrivons à Bergerac. Nous laissons nos vélos pour une visite de la ville.
C’est une ville à l’histoire intéressante, entre le commerce du vin et Cyrano. Écrivain du mouvement libertin du XVIIe siècle, il a inspiré Edmond Rostand pour sa comédie héroïque.

Il ne sera pas dit que nous quitterons cette ville sans une bouteille de sa célèbre appellation. Le soir arrive et il nous faut rouler quelque temps pour sortir de cette zone fortement habitée, nous trouverons une prairie tranquille pour la nuit.

Salut Thierry,
Rencontre incroyable et moment inoubliable même cinq ans après.
Effectivement buvons bien, buvons bon !
Merci
Amicalement
Pascal
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Buvons buvons ! Quelle page les amis, je la parcours au moment de l’apéritif et vous me donnez envie d’ouvrir une bouteille de Sauternes, au minimum…
J’ai adoré vos propos et votre respect de ce noble produit, vous avez fait des rencontres incroyables, voilà une collection de souvenirs (légèrement) bachiques qui redonnent le moral !
Merci beaucoup, un vrai régal à tout point de vue. On n’est pas français pour rien 🙂 !
A la vôtre 🥂 buvons bon mais buvons bien…
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