Livre « Tête à tête avec la Sierra Nevada andalouse » à petit prix sur kobo.
Après cette bonne nuit en montagne, nous nous levons à l’aube et n’attendons pas l’arrivée du soleil.

Il illumine les sommets voisins, nous ne sommes pas du bon côté de la montagne.
À ma grande surprise, mon maillot mouillé de transpiration hier au soir, que j’ai laissé à l’extérieur avec mon sac à dos, est sec. Nous sommes bien dans une région au taux d’humidité très bas, ce qui je le rappelle en fait la qualité du jambon au parfum de noisette, et à permis à mon tee-shirt de sécher dans la nuit.
Nous avons besoin d’énergie pour cette première journée à plus de 3000 et nous avons ce qu’il faut pour nous permettre de tenir le coup :
- spaghettis bolognaise froides ( un reste d’hier midi)
- pain
- fromage
- pâtes de fruits
- café
Nous retrouvons notre sentier d’hier et satisfait d’avoir régulièrement un balisage blanc et vert avançons sûr de nous.
Au loin nous observons un homme à cheval regroupant ses vaches. Beau travail d’agilité et de rapidité sur ce flanc de montagne bien pentu, mais déjà ensoleillé.
Nous ne comprenons plus rien à notre orientation nous arrivons dans une ferme et le balisage s’arrête. En prenant nos outils d’orientation, nous nous sommes éloigné de notre chemin. Le sentier que nous devons emprunter longe un torrent, la carte et le GPS nous le confirme. Sur le terrain, il y a peut-être eu un sentier, mais pour l’instant nous progressons dans des prairies aux hautes herbes.

Nous avons remarqué que dans la région, il y a de nombreux petits canaux qui sont utilisés pour l’irrigation. Nous en suivons un qui remonte la vallée c’est toujours plus facile pour marcher.

Nous croisons quelques troupeaux de vaches, impassibles à notre problème de balisage, sentier et autre. Nous progressons pas aussi vite que nous l’esperions.

Voici le moment où nous devons quitter le bord du torrent. Et partons tout schuss en direction du puerto de Trevelez.
Un espèce de sentier se dessine au milieu des pierres et des roches. Après quelques heures de marche nous arrivons à ce fameux col à 2800 mètres d’altitude.

Et nous sommes récompensés par le panorama.

La carte nous indique qu’il doit y avoir un carrefour avec des sentiers menant à des points différents.
Nous cherchons chacun de notre côté aucun carrefour à l’horizon et aucun sentier en vue.

Nous comprenons à ce moment que nous devons arrêter de chercher quelque balisage que ce soit et même sentier.
Je ne vais pas revenir sans cesse sur le sujet du balisage qui va un peu égratigner nos journées. Je vous explique ce que nous avons vécu. Nous avons une carte avec des numéros de sentiers qui sont reportés sur un topo guide ( daté de 2021) et rien ne correspond au terrain. Même le tracé de certain chemin ne sont pas conformes.
Sur le terrain il n’y a ni panneau, ni balisage parfois on peut penser être sur un sentier, mais comme il y a de nombreux troupeaux en liberté à cela s’ajoute la faune sauvage, très vite il est difficile de savoir si c’est un sentier ou un passage de bétail.
Dans certains secteurs vertigineux, il y a quand même des cairns qui nous ont bien aidé, le seul problème c’est que des margoulins qui se mettent à construire des cairn pour s’amuser. Enfin très vite cela devient compliqué, nous passons beaucoup de temps à chercher notre direction et heureusement que nous avons un bon sens de l’orientation, le GPS et une connaissance de la montagne.
Nous avons croisé des Espagnols qui viennent des Pyrénées et qui nous ont confirmés qu’à l’inverse de leur montagne, ici rien n’est balisé. Ils se dirigent facilement, car ils ont des informations d’un copain qui habite la région.
Ceci étant dit, revenons à notre randonnée. Nous décidons de rejoindre un amas de roche, de faire le point à leur niveau et surtout de nous requinquer.

Nous nous situons et partons dans ce désert de cailloux où le nombre de papillons sur les quelques petites fleurs présentent nous impressionnent. Pour nous orienter, nous nous mettons comme objectif une roche blanche ou un rocher plus gros et chaque fois nous faisons le point.
Enfin nous atteignons notre premier sommet:
le Puntal de Juntillas, 3139 mètres d’altitude.


C’est une grande satisfaction mais nous ne traînons pas, car nous sommes gourmands de sommets et dans ce désert de pierres il est facile de s’orienter à la vue.

Nous profitons du paysage sur les lagunes de Juntillas. Un peu d’eau et dans ce désert minéral, l’herbe pousse avec un beau vert.
Après chaque sommet à plus de 3100 nous redescendons entre 2900 et 3000 ; sinon cela serait trop facile. Et pour cette première journée à cette altitude dès que nous fournissons un effort, on sent bien que notre organisme a plus de mal. On s’essouffle plus vite et cela nécessite des pauses plus fréquentes.

Nous gagnons le Puntal de Los Cuartos 3158 mètres.

Le spectacle lunaire, les lagunes, les taches d’herbes et cette vision lointaine, nous sommes sublimer par ce lieu très atypique où nous sommes seuls au monde.

En définitive c’est facile nous faisons du toboggan, on descend, on prend notre élan et nous voici au sommet du 3000 suivant… Et de temps en temps nous levons la tête pour apercevoir le Veleta à droite et le Mulhacen à gauche.


De loin nous n’avons pas toujours le bon apperçu et quand le sommet se rapproche nous avons des surprises. Dans ces moments l’effort est violent et nous ressentons les effets de l’altitude.

Enfin le Pico de la Justicia Atalaya et ses 3135 mètres est vaincu.

Un regard sur les sommets à venir ne nous coupe pas les jambes, heureusement pour nous, car isolés comme nous sommes nous aurions quelques problèmes.

Dans la descente alors que le poids de la journée commence à se faire sentir dans nos jambes, certains se la coule douce. Enfin c’est surtout une belle rencontre émouvante et son flegme nous étonne.

Des instants comme ceux-là sont incroyable et nous redonne l’énergie pour atteindre:
le Pico del Cuevo et ses 3144 mètres.

De ce promontoire, au loin une image bien particulière : des toiles d’araignées géantes ? Des marais salans ? Non les hectares de serres d’Almeria !

Après ce quatrième sommet à plus de 3000, je ne me sent pas de gravir la pente vertigineuse de celui qui nous attend. Je ressent la fatigue, un besoin de plus en plus fréquent de micro halte pour retrouver le souffle et en plus mon estomac hurle famine; je pense qu’il est temps que notre journée se termine. Nous sommes au collado de Vacares et un peu avant la lagune du même nom…

Je remarque en contrebas des amas rocheux où il doit bien avoir une plate forme pour la tente et tout proche deux sources facilement repérables à l’herbe verte qui pousse autour. Laetitia est d’accord quand je lui propose l’idée de nous arrêter et de chercher le lieu de bivouac.

Celui-ci trouvé un somme rapide permet de récupérer.

À notre grande surprise, une maman chamois, aiguisée par la curiosité, vient roder autour de nous.
Nous installons notre bivouac pendant que des chamois nous observent et ne montrent aucune crainte. Sûrement que nous sommes dans leur domaine, mais ils vont bien nous accepter pour une nuit. Surtout que nous ne sommes pas des voisins bruyants. Nous leur parlons précautionneusement, ils nous regardent, bougent leurs oreilles et s’en vont en trois bon dans ces rochers pour laisser apparaître leur tête derrière un autre rocher. Ils nous guettent ou tentent un jeu de cache-cache où nous sommes perdants au vue de la verticalité des roches.

Fréquemment, lorsque nous prenons un repas ou montons la tente, nous apprécions avec de fortes sensations le lieu où nous sommes.



Depuis la tente nous observons ces cabris des montagnes se hasarder de plus en plus près.
Nous sommes à 3000 mètres, le vent se lève et il n’est vraiment pas chaud. Allonger dans nos duvets, nous entendons les cabrioles des chevreaux tout proche quand voilà un chant que je connais et pourtant il est de plus en plus rare à entendre : celui du grand tétras.
C’est dans cette ambiance en lien avec la faune environnante et un air vivifiant que nous nous endormons. Nous serons réveillé au milieu de la nuit, le vent ayant augmenté sa force, les sardines des portes de la tente n’ont pas résister et le tissus volant au vent vient régulièrement fouetter notre chambre. Que faire ?
Un rapide pipi, lancer un regard d’admiration vers les cieux vite se remettre dans le duvet avant de congeler et retourner se rendormir en appréciant d’être là dans cet environnement avec les éléments.
Au matin nous nous interpellons sur une réflexion philosophique et si la vie cétait cela alors que tout ce qui se passe dans les vallées n’est que du virtuel ???

Merci 😉
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Bravo
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Salut Thierry,
Nous avions déjà randonnée dans le Mercantour dans un milieu minéral mais rien à voir avec ce que nous vivons ici. Je vais te décevoir mais le blog nous le faisons depuis que nous avons terminé la rando et avant de partir pour de nouveaux sommets.
Merci de nous suivre fidèlement depuis bientôt trois ans.
Amicalement
Pascal
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Ouf ! Vous ne rigolez pas quand vous vous attaquez à un projet. Celui-ci sur les 3000 à vaincre est impressionnant mais vous semblez plutôt bien préparés pour y parvenir. Les photos sont bluffantes, on se croirait sur la Lune en effet. Reste le bleu si profond du ciel pour nous rappeler que vous êtes bien restés sur notre vieille planète. Merci pour vos efforts à transmettre tant vos coups de coeur que vos conseils. Tenir un blog à près de 3000 m d’altitude, ce n’est pas banal !
Bon courage, amitiés, Thierry
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