Après cette nuit mouvementé le réveil est un peu difficile ; le vent continu de souffler avec force.
A l’intérieur de la tente, il y a une pellicule de terre sableuse.
Au vue de l’ambiance extérieure, ce n’est pas la peine de penser déjeuner dehors et encore moins d’allumer le réchaud. Quelques petits gâteaux sec pour nous donner des forces, accompagnés de gorgées d’eau. Sans ouvrir une porte nous plions matelas, duvet et rangeons tout dans nos sacs.
Ceci étant fait, il faut démonter la tente et avec les bourrasques que dame nature nous offre, il est évident qu’en l’absence de notre poids à l’intérieur, elle risque de s’envoler comme un fétu de paille!
Laetitia gère le démontage et je tiens tout ce qui risque de s’envoler. L’entente étant bonne, la tente sans encombre se retrouve dans sa housse.
Nous ne traînons pas, car nous savons que la météo doit se dégrader ce matin avec l’arrivée d’orage vers 11 heures.
Et vue l’état du ciel, il semblerait que cela arrive plus vite que prévu. De plus ce vent, sans être glacial, n’est vraiment pas chaud.

Le petit déjeuner sera pour plus tard, il nous faut amorcer cette descente avant la pluie. On dirait d’ailleurs qu’elle nous a précédée et qu’il bruine dans la vallée.
Il serait intéressant que nous puissions effectuer cette partie de l’itinéraire bien raide avant que les pierres soit mouillées et glissantes.

Trop tard de grosses gouttes arrivent!
Rapidement le sol change de couleur et le parfum de la pluie remonte de cette terre qui doit l’attendre depuis bien longtemps. Mais il lui faudra encore patienter, car cette averse est de très courte durée.

Les fleurs le regrettent, mais nous en sommes satisfaits.
Ces descentes ne se font guères plus rapidement que la montée et sont tout aussi douloureuses pour les muscles des cuisses. Ils fournissent un effort violent pour nous freiner afin que nous ne prenions pas de vitesse.
C’est un exercice intéressant pour entretenir une bonne musculature, la souplesse des chevilles, mais aussi le cerveau qui doit vite calculer où poser le pied afin de garder une bonne stabilité.
Ce que nous craignions le plus, ce sont les rafales de vent qui pourraient nous déstabiliser dans un passage vertigineux et provoquer une glissade aux conséquences…
Nous appliquons les conseils de Mike Horn :
» Ce n’est jamais la nature qui tend les pièges, mais l’homme plutôt sûr de lui qui manque de réserve et de précautions. »
Nous gardons toute notre attention et sommes vigilants pour éviter la moindre erreur.

C’est vraiment à chacun de sentir ses limites et de savoir s’arrêter avant de se mettre en danger.
Nous aurons eu deux petites averses sans grandes conséquences et le sol étant très chaud, l’humidité s’évapore tout de suite. Enfin la partie la plus difficile est derrière nous, le ciel se dégage et dans ce fond de vallée le vent est nettement moins puissant, nous allons pouvoir prendre notre petit déjeuner.

Un dernier regard sur ces sommets qui nous ont apportés tant de satisfaction, tant d’émerveillement.

Au fur et à mesure que nous descendons, nous retirons les couches de vêtements ; il fait de plus en plus chaud, c’est étouffant pour nous qui venons de la fraîcheur.

Nous quittons le monde minéral et retrouvons ces buissons qui égratignent nos jambes.

Depuis le temps que nous parcourons ces sentiers, notre peau s’y est habituée.
Nous retrouvons le pont Guarnon, nom du torrent qui vient se jeter dans le rio Genil à cet endroit.
Pour le retour nous ne remontons pas au refuge Foresta, mais empruntons le sentier qui suit le rio Genil. Il fut construit en 1890 comme voie de communication pour transporter la Galène et la Pyrite, des roches extraites des mines de la Estrella.

Nous passons l’ancienne localité des mines complètement en ruine ce qui créé une ambiance désolante et nous découvrons l’entrée de l’une des mines.

Nos pas sont accompagnés par le chant de l’eau du torrent Genil qui forme de grands bassins, puis se glisse dans de petits canyons pour sauter quelques roches et se calmer sur quelques mètres afin de mieux repartir avec force.
Nous observons des ruisseaux dévalant le versant nous faisant face dans de belles cascades pour gonfler les eaux du rio Genil.

Enfin nous retrouvons cette route qui fut une voie de tramway..

La construction fut achevée en 1925, ce tramway électrique effectuait le trajet de Grenade à la ville de Güéjar-Sierra.
En 1944, la ligne fut prolongée jusqu'au Baranco de San Juan avec un projet de funiculaire qui devait rejoindre le bas du pico Veleta.
Cette ligne de tramway fut fermée le 19 janvier 1974 pour faute de rentabilité au profit des bus mis en service dans les années 1960. Je ne dirais rien mais je ne pense pas moins.

Pour nous qui venons d’une altitude située à plus de 2900 mètres, nous manquons d’air et nous avons très chaud. Alors vite un bain dans le rio Genil que nous suivons depuis son départ pour ramener le corps à une température adéquate.

Pour cette journée nous venons de parcourir:
- 16 kilomètres
- 396 mètres de D+
- 2122 mètres de D-
Pour conclure ce trek, plusieurs choses:
Ce que nous faisons ne représente d’exploit pour personne, sauf pour nous.
Nous prenons du plaisir à nous faire mal, à nous prouver que nous sommes capables. Cela nous apporte un équilibre intérieur, un bien être, une joie et de la satisfaction.
Nous refusons le système du tourisme de masse qui achète la montagne à coup d’Euros ou de Dollars. Ces centaines de personnes qui grimpent Mont-Blanc ou Everest juste pour se vanter et dire j’ai fait le plus haut sommet d’Europe ou du monde. Mais en dehors de la vantardise qu’est-ce que cela leur a apporté intérieurement, humainement ?
Ce soir je dirais aux Espagnols ne balisé pas mieux la Sierra Nevada, cela nous a permis de répondre à ce que nous attendons de la montagne:
la tranquillité et la solitude.
Quand je vois déjà toutes les salletés qui trainent dans ces paysages extraordinaires, alors que ceux qui randonne sont normalement des amoureux de la nature ; un bon balisage signifierait plus de monde et une montagne déchèterie. Il n’y a qu’à voir le camps de base de l’Everest.
🤬 Je dois quand même pousser un coup de gueule dans lequel je vais volontairement être vulgaire.
Dès que l’on se retrouve dans un rayon d’environ 5 kilomètres d’un parking, la nature devient un chiotte. Chier est tellement pressant que l’on retrouve cette obole presque au milieu du sentier et non recouverte ou cachée. Quand à ces dames ce n’est pas puisque les sentiers ne sont pas baliser que vous devez les baliser avec vos papiers pipi. Là aussi, il est facile de le cacher sous une pierre, quelques branchage ou un peu de terre ; plutôt que de le laisser voltiger au vent. Enfin apprenez que l’urine n’est pas sale, certaines personnes se soignent en utilisant leur urine. Un petit sac plastique dans le sac à dos pour y mettre le papier pipi et le sac rejoint la poubelle. Oh, j’oubliais c’est surement trop lourd, (puisque à près de 3000 mètres nous avons trouvé des tampax usagés ).
Je pourrais encore en mettre une couche au fumeur qui même au sommet du Mulhacen ou de Veleta jettent leur mégot. Tout cela est navrant et nous donne envie de nous sauver de cette meute de sauvages irrespectueux mais surement ne sont-ils pas respectueux d’eux mêmes !
💚 Nous avons eu un grand coup de coeur pour ce massif de ces coins et recoins, peut-être même en sommes nous tombés amoureux.
- Il apporte la sensation de la haute montagne puisque nous étions souvent à plus de 3000.
- Il offre des paysages changeants et des panoramas à couper le souffle.
- Il demande une bonne condition physique, une souplesse et permet de se tester dans certains passages vertigineux.
- Pour de bons randonneurs c’est un magnifique terrain de jeu, nous en avons profité pleinement.
Quand on redescend dans les villages la gastronomie de l’Alpujarra est très riche ; du jambon de Trevelez aux confitures ou miel de chataigner , du codillo aux herbes de montagnes à l’agneau à l’ail et surtout ne pas oublier le vin d’altitude.

Cette fois-ci c’est terminé, ce massif nous a enthousiasmé, il a pris place dans notre coeur. Un dernier regard sur ces sommets et même si je sais que tout a une fin, j’écraserais une petite larme au coin de l’œil avec une certaine nostalgie au moment du départ.
Le rideau de cette merveilleuse pièce que nous venons de jouer tombe sur un coucher de soleil et la ville de Grenade.

Bilan de ces 7 semaines en Sierra Nevada ; nous avons parcourus :
- 515 kilomètres
- 28924 mètres d’ascension
- 29685 mètres de descente.
Je vous invite encore pour quelques rendez-vous, car on ne peut se séparer aussi rapidement, pour vous proposer de belles photos de la flore et de la faune, particulièrement des insectes.
Sur youtube, d’ici quelques temps, nous donneront le descriptif et l’explicatif de notre équipement.

Maintenant nous retournons dans notre havre de paix et d’inspiration, l’Ecopark de Alportel au Portugal.
Le plus cadeau c’est celui que tu viens d’écrire » vous faire plaisir » !
Ce trek fut un enchantement pour nous et c’est bien une larme à l’œil que nous avons quitté ces montagnes.
Merci de nous suivre assidument et pour tes nombreux messages.
Bien amicalement
Pascal
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Belle conclusion pour un trek d’exception !
Tes coups de gueule sont 100% justifiés Pascal, certains individus salopent les lieux sauvages par égoïsme au nom de leur sacro-sainte liberté d’agir comme bon leur semble, et les filles ne sont – hélas – pas en reste…
Je n’oublie pas de vous remercier d’avoir pris le temps et l’énergie de sélectionner vos meilleures photos, rédigé vos impressions, expliqué vos itinéraires avec les petites flèches, etc.
Tout cela demande du temps, du talent, le goût du partage, le souci de bien faire en somme, et pour tout cela, soyez tous les deux hautement félicités pour la qualité de votre blog magnifique.
Vous vous êtes fait plaisir, dîtes-vous ? Nous aussi en vous lisant tous les jours !
Rentrez-bien en Algarve !
Thierry
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