Défi 70 ans : 6 ème jour

Après une douce nuit sous les éoliennes, un reveil naturel et un spectacle de la nature, tout va bien. 

Je pars en pleine forme dans la brume, c’est un peu fantasmagorique.

Une belle piste, une douce pente qui monte, mon pas est encore lent et j’échauffe toute ma musculature quand mes yeux se portent sur une œuvre d’art. Je tombe en extase, en émerveillement. J’en suis presque ému et j’ai juste envie de l’immortaliser pour vous la partager. 

Pas facile de faire la photo avec le soleil en plein dans les yeux et des lunettes de soleil qui noircissent l’écran, alors je vise au hasard et c’est réussi !

J’arrive sur « mes terres » et je connais mieux les chemins et leur difficultés, psychologiquement cela soulage et me donne la sensation que j’avance de manière conséquente. De plus, je sais que je vais retrouver fréquemment Laetitia. Tous ces éléments font que je me sens en grande forme. 

Il y a juste un souci, mon pied glisse dans les baskets que j’ai chaussées ce matin et mes ampoules m’informent que cela ne leur plaît guère. 

Comme j’alterne marche et footing j’arrive très vite au bourg d’Alte où Laetitia m’attends la.

Changement de chaussures, une crème froide sur la cuisse gauche car je ressens une douleur, quelques carreaux de chocolat et c’est reparti.

J’adore les endroits que je traverse très sauvage avec de la rocaille, du siste qui embaume et toujours aucun bruit.

Après 6 kilomètres j’arrive au village de Benafrim, Laetitia commence juste à donner quelques coups de pédales pour me retrouver et très étonnée, elle me voit déjà arriver.

On fait vite le point, Salir est à environ dix kilomètres et il est 11 heures, on décide que la grande pause aura lieu là-bas.

Je ne m’attarde pas, Laetitia me refait le plein d’eau et me voici à nouveau avec mes jambes en mouvements.

Une large piste sur un plateau où le soleil commence à bien chauffer. Mon corps à envie de courir mais je le freine, je veux garder des forces car je sais ce qui m’attend. 

Comme il me donne beaucoup de satisfaction et qu’il fonctionne bien, je recherche le moindre passage d’ombre que ce soit arbres, murs ou maisons. Dès qu’il ressent de la fraîcheur, je sens le bien que cela lui apporte.

Je traverse un secteur magnifique de vergers d’oliviers, caroubiers, quelques hameaux avec de beaux jardins, bien fleuris et je lance quelques bom dia.

Incroyable caroubier, un jour je reviendrais pour en faire une collection de photos.

Il doit être agréable de se poser dans cet endroit de verdure et de calme peut-être un jour pour nous… mais pas le temps de rêver, en avant marche et déjà j’aperçois ma belle qui est venue à ma rencontre à vélo.

Nous faisons ensemble les cinq derniers kilomètres ce qui est toujours bien agréable. Et nous voici dans la bourgade de Salir.

Laetitia est garée au centre du village. Nous sommes consternés quand nous voyons passer, en convois, des centaines d’anciennes mobylettes. Non seulement ça pétarade dans tous les sens mais c’est aussi un nuage de fumée et une puanteur d’huile et d’essence.

C’est affligeant mais à quoi réfléchit l’humain ? 

Nous revenons à notre organisation, comme je suis déjà à 25 kilomètres il est même pas treize heures je prend le temps de faire une sieste. 

Je repars pour 14 h15, un peu raide comme à chaque fois après un temps de repos un peu long.

Il fait 35 degrés et le soleil cogne, la crème solaire est nécessaire.

Mais après un ou deux kilomètres tout les rouages fonctionnent. Déjà cinq kilomètres et Laetitia est à nouveau là, elle me donne une boisson énergisante, car le gros morceau est devant moi. Après un plus de 3O kilomètres dans les mollets m’attends une montée de quatre kilomètres cinq cent très sévère.

J’avance dans un vallon où une rivière s’écoule en un doux murmure quand tout à coup le chemin se dresse devant moi sans concession.

Le premier kilomètre est une mise en jambe avec des moments de plats, faux plats et petite descente qui permettent la récupération.

Pour les deux suivants la pente est très forte, je m’arc-boute afin d’avoir une forte poussée sur mes jambes et mes bâtons. Mon rythme cardiaque s’élève, j’évite de basculer dans le rouge. Je maintiens une bonne cadence et grimpe au rythme de quatre kilomètres/heures.

Le soleil qui frappe de ses rayons brulants dans mon dos rend la montée encore plus difficile, mais j’apprécie le fait que cela complique l’effort. Le corps souffre, je repousse mes limites, pas question de m’arrêter pour reprendre le souffle, je veux maintenir le rythme jusqu’au sommet. C’est un jeu avec moi-même dans lequel je ressens une jouissance, une force, un bonheur. Seuls peuvent comprendre ce que je vis ceux qui ont repoussé leur limite.

Parvenu au sommet je suis trempé de sueur et essoufflé car la dernière rampe de 500 mètres est terrible, mais je suis le plus heureux des hommes.

Je ne m’arrête pas sur ce terrain plat et en reprenant la marche je détends chaque muscle en partant de la tête et en descendant vers les pieds.

Dans des instants comme cela j’ai une relation particulière avec mon corps, je lui parle et je le remercie de tout ce qu’il me procure.

J’embrasse une vue incroyable sur la serra de Caldeirao et un minuscule arc en ciel parait entre deux petit nuages c’est incroyable et j’exulte de joie.

Sur cette piste de crête, j’alterne footing et marche. Je me suis mis une règle que je respecte avec rigueur dès que le chemin monte ou descend je marche afin de m’économiser, ce système doit être efficace car je suis presque à 40 kilomètres et je me sens bien.

Pour la dernière fois de la journée Laetitia me retrouve, cela sent la fin d’étape. 

Nous organisons la fin des étapes avec la possibilité pour Laetitia de me retrouver avec le fourgon et de nous installer le plus proche possible du point de départ du lendemain. Cela n’est pas toujours facile.

Pour demain matin tout va bien je sors du fourgon et j’enclenche le chronomètre.

Pour ce jour :

41 kilomètres  avec 930 mètres de dénivelé positif et 811 mètres de négatif.

Et… je suis à 208 kilomètres, l’arrivée approche je ne vous en dit pas plus nous ne voulons pas dévoiler les secrets de notre organisation et surtout vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

2 commentaires sur « Défi 70 ans : 6 ème jour »

  1. Moi, je vous lis le matin, et votre organisation à tous les deux et ton efficace gestion des (gros) efforts physiques, Pascal, me donne de l’énergie pour la journée !
    Heureux d’apprendre que le temps est devenu chaud; décidément, tu auras tout connu durant ce défi, sauf la neige ❄ !
    Bon courage pour la fin du parcours, tu tiens le bon bout.

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  2. C’est devenu un rituel pour nous de te lire le soir avant de nous endormir. Nous sommes heureux de te savoir en grande forme. Nous te souhaitons une bonne nuit de récupération et une belle journée pour demain.

    Aimé par 1 personne

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