Défi 70 ans, une longue sortie à vélo dans la Serra de Caldeirao en Algarve.

Ce matin 7 avril, réveil alors que dehors tout est calme, l’obscurité enveloppe la nature et lui donne des formes particulières qui inquiète de nombreux humains. 

Seul un rossignol lance quelques notes pour charmer une demoiselle de son espèce.

Enfin, il ne fait pas tellement nuit, car la lune est majestueuse, pleine, imposante et brillante, elle illumine notre terre.

Après avoir accompli nos rites matinaux, nous nous sentons prêts pour le défi du jour.

 Nous nous équipons et la première surprise ne va pas être l’éclat de la lune alors que le crépuscule est là, mais la température qu’indique le compteur..

Nous savons que les vingt premiers kilomètres seront un peu de route plate et beaucoup de descente. Nous allons donc rouler en moyenne à trente kilomètres/heures, la température ressentie va être légèrement négative.

Sans hésiter, nous sortons gants, bonnet, et tour du cou.

Enfin, l’heure du départ sonne…

il y a un mois j’étais au cap Saint-Vincent et je me lançais seul dans le défi de la traversée de la Via-Algarviana. Ce matin, c’est ensemble que nous partons pour un défi avec nos fidèles compagnons, les vélos tout chemin (VTC) qui ont déjà parcouru l’Europe en notre compagnie.

Nous quittons l’Ecopark sans bruit, car tout est encore bien endormi et nous voici empruntant les premières ruelles.

L’air est glacé et nous tire des larmes aux yeux, très vite il s’attaque à nos extrémités et les engourdies, les endoloris.

Mais nous poursuivons, nos coups de pédales sont allègres, les cheveux ne sont pas au vent, car abrités sous le bonnet.

Nous filons vers Tavira et déjà le soleil s’élève dans un ciel bleu immaculé. Il n’est pas encore assez haut pour nous réchauffer, par contre nous devons chausser les lunettes de soleil, il est face à nous, illumine notre cœur de joie et nous éblouit puissamment.

Nous venons de parcourir 20 kilomètres sur une nationale ordinairement très circulante, mais ce matin très tôt et en plus en période de vacances nous fûmes tranquilles.

Nous empruntons une petite route qui serpente au milieu de verger d’orangers. Les arbres en fleurs laissent échapper des fragrances qui taquinent avec douceur nos sens olfactifs. Ces instants sont bucoliques et nous ralentissons afin de les faire durer et les éterniser dans notre mémoire.

Voici une bifurcation et nous prenons à gauche l’itinéraire qui mène à Cachopo. Ceux qui ont suivi mon défi en trek se souviennent, c’est en ce lieu que les copains m’attendaient pour me soutenir moralement.

Nous montons sur de longs kilomètres, c’est agréable, car la pente est régulière, oscillant entre 4 et 7 %. Nos jambes déroulent facilement et c’est un plaisir que de sentir sa puissance musculaire.

 L’atmosphère se réchauffe et nous retirons quelques vêtements, nous gardons encore deux couches sur le torse, car les passages ombragés sont nombreux et la température y reste frisquette.

Cette fois-ci, on s’élève et les paysages enthousiasment notre regard et enflamment notre cœur, des montagnes à perte de vue.

Sur cette route, les véhicules sont rares et nous avons pour compagnie le bourdonnement des pollinisateurs et les chants des oiseaux.

Il est déjà presque 10h, nous avons 42 kilomètres au compteur. En vélo, il ne faut pas attendre d’avoir faim pour manger, afin d’éviter le coup de fringale dont il est difficile de se remettre.

Nous dégustons notre petit pain au chorizo devant un panorama extraordinaire avec l’océan qui se détache avant la ligne blanche de l’horizon. Cette fois-ci, les températures grimpent et nous reprenons la route en tee-shirt. 

Ceux qui me suivent depuis quelque temps connaissent mon attachement pour les arbres et c’est l’un d’eux qui capte mon regard. Au début, je crois qu’il est cassé, mais pas du tout, en grandissant il a poussé en prenant un angle droit pour chercher la lumière et maintenant doucement il se redresse.

Nous dominons un hameau dont les pieds des maisons baignent dans une rivière paisible.

Descente agréable où je laisse la vitesse m’emporter. Avec si peu d’automobile j’en profite et je me coule dans les courbes, bientôt je vais m’envoler telle la buse variable. Le compteur me stipule 60 km/h, certes ce n’est pas la vélocité du coureur professionnel, mais je ne tiens pas à les concurrencer surtout dans leur chute, alors j’appuie légèrement sur la manette du frein. Arrivée dans le bas du vallon, c’est une belle montée que nous avalons et nous permet de parvenir à Cachopo

Un souvenir devant les indications du GR où je suis passé en trottinant il y a quelques semaines.

Il est seulement 11 heures et 63 kilomètres dans les jambes, nous poursuivons notre périple en prenant la direction d’Ameixial.

Après trente minutes de parcours, nous longeons un ruisseau où flotte des fleurs blanches. Le lieu est romantique et nos estomacs nous chantent une romance qu’il ne faut pas remettre. Nous nous posons en bord de l’eau pour notre déjeuner. Nous verrons une tortue se sauver à notre arrivée, et nous observerons des petits poissons sucer les roches.

Une demi-heure s’écoule et nous repartons, pas de pause trop longue, la musculature se refroidit. Nous nous sommes rassasiés, mais surtout le calme nous a permis de revigorer nos forces. 

C’est une bonne chose, nous comprendrons cela quand nous affronterons successivement plusieurs côtes avec des pourcentages variant de 11 % à 18 %. Mais cette fois-ci, c’est presque la chaleur qui nous incommode et les cinq derniers kilomètres avant le village d’Ameixial seront difficiles avec les muscles des cuisses qui se durcissent.

Petit développement à l’avant et le plus grand à l’arrière. Les jambes moulinent c’est un plaisir que de déployer sa force et constater que petit à petit nous gagnons la bataille avec la déclivité, le sommet se rapproche.

Une descente, la vitesse nous permet d’entendre l’air chaud chanter à nos oreilles. Après une succession de ces mises en scène, nous parvenons à Ameixial où nous nous octroyons un repos récupérateur à la terrasse d’un café.

Nous atteignons les 85 kilomètres, mais c’est surtout la température qui nous sidère, l’écart est impressionnant avec le matin.

Laetitia prendra un Sumol, pour moi un café et nous partagerons une grosse part de gâteau. Massage de nos cuisses pour qu’elles se détendent et nous repartons par la nationale 2 pour rejoindre Alportel. La fête des montées n’est pas terminée et la dizaine de premiers kilomètres après l’arrêt nous demande de la volonté. Cette fois-ci c’est le mental qui avec son esprit de vainqueur donne l’énergie aux jambes.

Rien de tel que de pousser son corps et tester ses limites pour flagorner notre satisfaction. Essayez et vous verrez.

Nous atteignons le mirador do Caldeirao, nous buvons un Sumol, espérant ressentir un effet équivalent à la potion magique sur Astérix. Nous faisons un petit tour de balançoire, la sensation de se lancer dans le vide est très agréable pour se relaxer.

À partir d’ici, nous connaissons très bien la route. Nous avons environ trente kilomètres, dont un tiers de montée et le reste en descente.

Voici deux idées différentes du sens de l’effort ? Je constate qu’il fait sourire celle qui pousse sur les pédales alors que la seconde qui est passé devant moi ne m’a même pas adressé un bom dia comme le font si courtoisement les aînées. Je n’aime pas critiquer la jeunesse, mais je m’interroge.

La mauvaise surprise c’est que nous prenons un vent violent de face qui va nous obligé à avoir un bon coup de pédale même dans les descentes.

Hors de question de demeurer en roue libre ce que nos jambes auraient appréciées, car elles espéraient un peu de repos.

Nous allons nous battre avec nous-mêmes jusqu’au bout. Fatiguées par l’effort quand nous voyons le portail de l’Ecopark, nous vivons l’étourdissante extase de celui qui a escaladé une montagne et contemple le monde.

Nous arrivons chez nous, le compteur indique…

Nous ne l’avons ni cherché ni fait exprès. 

Notre joie est immense d’avoir réussi ce défi d’une journée, en voici les chiffres.

117 km pour 2042 mètres de dénivelé positif en 6h22 minutes, soit une moyenne de 18 km/h.

Elle se décuple quand nos amis Scarlett et Peter viendront nous féliciter en nous offrant un œuf de Pâques. Ils seront bientôt rejoints par Paula et Noberto. Merci, les amis.

Je sais aussi que de l’autre côté des Pyrénées certains ont pensé à nous, merci à vous.

Nous sommes très satisfaits de ce défi, physiquement tout c’est bien passé, nous avons profité du splendide paysage, effectué les pauses au bon moment, la météo était idéale. Ce fut un régal de la vie. 

4 commentaires sur « Défi 70 ans, une longue sortie à vélo dans la Serra de Caldeirao en Algarve. »

  1. Belle boucle parfaitement décrite et avec les photos splendides, comme d’habitude ! Bravo et merci pour vos efforts à rapporter vos aventures et défis.
    Amitiés

    Aimé par 1 personne

  2. Ayant fait à peu près le même circuit l’an passé, je ne peux que vous féliciter tous les deux, vous avez du mérite. Moi j’en ai beaucoup moins car c’est en Méhari que nous avons fait la boucle et on était souvent en première…ah…les routes et chemins raides de l’Algarve.
    Bravo.

    Aimé par 1 personne

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