Nuit difficile pour moi, cette fois-ci ce n’est pas le froid mais mon matelas qui me pose des problèmes, il se dégonfle. Et après m’être prélassé environ deux heures, l’air de rien, l’air s’en est allée et je me retrouve à dormir sur le sol. Celui-ci quelque soit l’âge des artères est bien dur. Donc j’ai dû le regonfler plusieurs fois dans la nuit.
Le lever de soleil lumineux me redonne le sourire.

Mission du jour trouver la fuite. Mais pour l’instant nous avons d’autres chats à fouetter, un peu ridicule cette expression ; imaginons une meute de chat fouettée pour faire avancer un chariot. Enfin nous avons autre chose à faire, lutter contre l’humidité, il a plu dans la nuit et la rosée est abondante. La tente est trempée et nous allons profiter du soleil matinal pour la faire sécher, car la météo annonce de la pluie pour le reste de la journée et il est vrai qu’au loin de vilains nuages menacent.
Comme nous avons dix petits kilomètres à couvrir pour parvenir au bourg de Salir, où nous avons prévu de prendre notre pause gustative, nous prenons le temps pour faire sécher la tente.

Nous arrivons dans les derniers jours de notre trek, nous avions le choix soit de faire des étapes au kilométrage important, plus de 30 ou nous offrir pour la belle réussite de ce trek des étapes plaisirs » gustatifs ». Choix difficile mais c’est notre gourmandise qui a gagné !
Pour l’instant je profite du temps d’attente pour tourner sur le lieu et me laisser porter par mon instinct pour figer sur photo la nature.
Je vous partage quelques clichés, il n’est point utile d’explications parfois les mots alourdissent la beauté, il suffit de regarder et peut-être s’émerveiller.







Alors que Laetitia vérifie mes écrits.

Enfin tout est sec et nous reprenons notre marche en direction de quoi ?
Du restaurant de midi ? Dans l’espoir de terminer ce beau voyage ? Ou comme dans la vie dans la direction d’un inconnu qui nous réserve des surprises ?
Quoi que l’on fasse ne serait-ce pas une chose intéressante que de garder toujours une partie de soi ouverte à l’imprevue et savoir l’accueillir ?
Nous nous déplaçons dans un milieu de guarigue sauvage, avec de l’ajonc nain,


du romarin et bien d’autres plantes qui ont quelques piquants et que nous méconnaissons. Face à nous se dressent les crêtes de montagnes,

pas étonnant quand on sait que la region de l’Algarve est couverte à 50% par celle-ci. Les principales chaînes sont la serra Do Espinhaco de Cao, la serra de Monchique.avec le point culminant de Foïa et la serra de Caldeirao qui est juste à côté de notre lieu de villégiature.
Notre périple nous aura permis de sillonner les trois serra.
Nous traversons des hameaux où nous avons des spectateurs qui nous encouragent bien sagement.

Nous adorons cette manière de construire un mur en préservant les arbres. D’autres auraient eu vite fait de faire ronronner le bruyant moteur de la tronçonneuse.

La bourgade de Salir approche et nous n’avons toujours pas trouvé de puits ou de fontaines afin d’avoir de l’eau et détecter la fuite de mon matelas.

Nous voici justement face aux anciens systèmes qui permettait d’irriguer les cultures et qui étaient mis en mouvement par la traction animale.

Certains fonctionnent maintenant avec des pompes et voici une réserve d’eau.
Nous nous mettons à la recherche de la fuite qui provoque une mauvaise mine à mon matelas.
Nous trouvons un petit orifice, nous le marquons, mais avant de réparer il faut que le matelas sèche. Plier sur le dessus de mon sac à dos nous repartons et heureusement le ciel devient plus clément.
Nous voici attablé face à cette cuisine portugaise simple mais goûteuse.

Dommage que deux télévisions braillent dans cette salle de restaurant bien sympathique.
Mais voilà c’est ce monde moderne que nous trouvons un peu fou et une partie de la population se rue sans réflexion, car il faut être à la mode.
Musique à fond dans les oreilles, télévision qui abreuve de violence et de peur, consommation d’aliments qui lentement dégénèrent notre organisme, vitesse incontrôlé en voiture alors que c’est l’un des objets qui tue le plus. Et la nature qui n’est devenue qu’un support, elle est valorisée qu’à la seule condition que ce soit l’endroit le plus beau du monde. C’est pour cela que depuis trois semaines tout au long de nos sentiers, nous voyons une multitude de déchets et cela même dans les coins les plus reculés.
Des jours cela me rend triste, me désole parfois je suis exaspéré avec une certaine irritation mais il y aura toujours un coin de paradis ou une petite fleur pour me remettre dans le chemin de la paix.

Nous préférons être seuls, loin de ces gens que nous comprenons de moins en moins car bien souvent les discussions glissent à un moment donner sur la haine, le racisme, la violence ou l’intolérance. Beaucoup ont oublié leur chemin, leur parcours. Rien de plus terrible pour moi que l’amnésie intellectuelle.

Pendant ce temps les doigts de fée qui m’accompagnent ont réparé le matelas et cela donne le droit à une sieste.

Cette fois-ci, le sérieux de la journée est devant nous, il nous faut sur quatre kilomètres rejoindre cette crête.
Mais mes tendons n’on pas envie de grimper et il leur faudra un bon coup de froid pour me permettre de grimper cette côte allègrement.
Le chemin ne sera pas régulier, de la pente douce, de petites descentes, des raidillons à faire blanchir de peur n’importe quel lièvre.
Alors pour nous des relations oui, mais en petite quantité et de qualité tout le reste n’est que de l’exubérance sans valeur et fondement. Nous gardons de l’espoir car de plus en plus souvent, nous rencontrons des gens ayant la même philosophie. Certains disent nous sommes malheureusement trop peu nombreux, mais le chêne avant de devenir majestueux était un gland. Après les coups de cafards ce sont les sentiments de patience et de confiance qui dominent.

Nous adoptons un bon rythme et nous faisons un peu transpirer notre corps, mais en une heure nous sommes sur la crête avec une vue jusqu’à l’océan.

Ce chemin est absolument extraordinaire un panorama à couper le souffle surtout ce soir avec un ciel exceptionnel.

Un moulin se découvre lentement derrière les arbres.

Pas un bruit, la satisfaction d’une belle journée et mes pieds qui avec mes vieilles chaussures sont de moins en moins douloureux.

A l’horizon des yeux nous observent, qui est-ce un Dieu quelconque ? Un sage?

La nuit tombe, le froid s’installe et nous nous retrouvons dans notre cocon de toile après 23 kilomètres et 675 de D+, pour un repas chaleureux.

Merci beaucoup de nous suivre avec tant de passion et de fidélité !
Bien amicalement
Pascal
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Cette page de blog résume toute votre philosophie de vie: plaisirs simples et sans esbrouffes, vie saine et au grand air, émerveillement devant les petits détails de la vie pastorale, dénonciation des excès de la modernité, humilité devant le grand spectacle de la nature à toutes heures de la journée.
Merci à tous les deux pour ce remarquable périple.
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