En 8 jours j’ai parcouru exactement :
– 315, 830 kilomètres
– 6080 mètres de dénivelé positif
– 6074 mètres de dénivelé négatif.
– 462 242 pas.
Pour 90% de ces pas, j’avais une sensation désagréable dû soit à mes tendinites soit à mes ampoules.
Soit 63 heures 5 minutes et 23 secondes sur les sentiers, chemins et pistes ce qui représente une moyenne de 5 kilomètres/heures.
Et pour ceux qui souhaitent maigrir, j’ai consommé : 39 451 calories, personnellement j’ai perdu 3 kg.
Retour rapide sur mes journées.
* Mardi 7 mars, Après une très mauvaise nuit où le ressac incessant de l’océan m’a énervé, départ du Cabo Vicentina avec une douleur à chaque tendon d’Achille. Je boite sèchement et il n’est pas question de courir. Après cinq kilomètres le corps est chaud, je tente quelques petites foulées. C’est douloureux mais ça passe. J’alterne marche et footing.
La pluie et le vent me rendent visite. Mes cuisses sont douloureuses et je me demande combien de jours je vais tenir comme cela. Je ressens un frottement dans mes baskets, mais le mauvais temps ne m’incite pas à m’arrêter pour ôter les chaussures et voir ce qui se passe. Voilà des années que je n’ai plus eu d’ampoules, ce n’est pas aujourd’hui que cela va commencer. je poursuis ainsi ma route pour conclure avec 46,280 kilomètres en 7 heures 40.
* Mercredi 8 mars, deuxième mauvaise nuit, cette fois-ci ce sont des débuts de crampes dans les jambes qui ne me laissent pas tranquille. Je sais par expérience qu’une mauvaise récupération, signifie journée difficile. Le départ est terrible et je me demande combien de kilomètres je vais réaliser. Je suis raide de partout et tous les muscles me signalent leur existence. Enfin après quelques kilomètres l’échauffement réalisé cahin-cahan j’avance. Je tente quelques passages en footing, mais je sais que l’après-midi le dénivelé est important alors je décide de me calmer.
Après la pause de midi me voici parti pour dix kilomètres de montée, je suis étonné car je trouve que je suis facile. Mais je ne force pas, le vent et la bruine sont de retour. Je me base sur le fait que celui qui veut aller loin ménage sa monture.
J’arrive à Marmelete, il est pas loin de 16 heures, je suis fatigué et Laetitia m’annonce une dégradation météo sur les sommets du massif de monchique.
L’après-midi j’aurai effectué 10 kilomètres en 2 heures 19 pour 518 mètres de dénivelé positif et pour la journée cela fait 30 kilomètres. On décide ensemble que je m’arrête là.
* Jeudi 9 mars, au réveil, pluie abondante, vent violent, il est hors de question que je me lance dans ce déluge.
La vie s’organise souvent de belle manière, car cette perturbation me permet de me reposer et de bien récupérer. Début d’après-midi, le ciel se dégage légèrement et je me lance dans la montée du mont Foia et ses 902 mètres d’altitude. Il ne pleut plus, il ne fait pas froid mais le brouillard est épais.
Je monte à un bon rythme, 13 kilomètres en 2 heures 55 pour 611 mètres de dénivelé positif. Grande satisfaction.
* Vendredi 10 mars, les cataplasmes d’argile commencent à agir sur les tendons ce qui élimine une douleur dès le matin mais qui revient en fin de journée. Laetitia s’occupe des ampoules du mieux qu’elle peut et après, à moi de gérer la douleur. C’est une étape qui m’enchante car je connais le parcours et je passe des massifs que j’aime, tel celui du Picota. Puis j’arrive sur la ville de Silves doucement je me dirige vers mes terres et psychologiquement cela fait du bien, même si je sais que la fin de parcours est très exigeante. Je décide pour cette journée de ne pas courir afin de ménager tout mon organisme.
Je retrouve plusieurs fois Laetitia qui termine l’étape à pied avec moi après 37,430 kilomètres en 8h21pour 420 de D+ et 1148 de D-.
Voilà à nouveau une belle étape, le moral revient, les doutes s’envolent. Intérieurement je me sens en grande forme.
* Samedi 11 mars, comme je me sens en forme, je décide d’allonger les étapes, ce n’est pas simple à gérer avec la logistique et il faut une route qui croise le GR13 pour que Laetitia puisse me retrouver. Le matin j’avance encore précautionneusement et l’après-midi je passe plus régulièrement au footing. La traversée puis le contournement de la ville de Sao Bartolomeu ne sont pas très amusant, je veux aller au-delà de ce passage pour me retrouver dès demain dans les grands espaces sauvages de l’arrière pays. J’arrive au fourgon mon kilométrage ne dépasse pas 40. Il est si facile de s’installer sur le siège passager et de partir vers le lieu de bivouac.
Hors de question, Laetitia regarde la carte et me dit de parcourir encore un kilomètre six cent, elle peut me retrouver plus loin. Pas de problème je repars, il faut que je dépasse les quarante kilomètres. Je traverse sur ce petit bout de parcours une zone d’élevage avec les magnifiques chèvres de l’Algarve qui me donnent le rythme au son de leurs clochettes, puis des porcs ibérique qui viennent me saluer.
Enfin laetitia m’attend et je suis à 41, 180 kilomètres en 8 heures 27 pour 557 de D+. Satisfait !
* Dimanche 12 mars, réveil au-dessus des nuages, panorama exceptionnel, cela augure d’une belle journée. Je me sens en forme, je connais le terrain de ce jour, je sais que c’est grandiose et sauvage et comme les autres jours je ne verrais personne. C’est ce que j’adore, être seul avec la nature et oui je suis un peu vieil ours solitaire. Heureusement je vois un peu de monde en traversant les bourgades de Alte, Benafim et Salir ce qui me donne l’occasion d’utiliser mes infimes connaissances de portugais bom dia, botarde, obrigado. Je dompte mes douleurs et je serais plus rapide pour ce parcours ou alors est-ce les merveilleux caroubiers que je vois qui me partagent leur énergie ?
Je termine à Barranco de Velho après 41, 380 kilomètres en 8 heures 36 pour un D+ de 930 mètres et un négatif de 611 mètres.
* Lundi 13 mars, les choses deviennent sérieuses, le soir avec Laetitia nous faisons le point il me reste un peu plus de 100 kilomètres jusqu’à l’arrivée.
Que faire ? Je décide de les réaliser en deux jours. Je souhaitais réaliser ce défi en 7 jours et avec les évènements météo lié à ma fatigue du côté de Marmelete ce n’est pas possible, je valorise mon défi avec ces deux grosses étapes.
Réveil avancé à 4 heures 30. Je sais que cette étape va être éprouvante j’en connais le profil ce n’est que montée et descente et les descentes abruptes sont aussi pénibles que les montées, donc pas de répit. Je sais qu’il va être difficile de pratiquer la petite foulée.

Heureusement les copains seront présents à la pause de midi et cela donne une bouffée de fraîcheur, car à partir de 10 heures le mercure arrive à 35°.
Je me force à boire énormément. Le paysage change à nouveau, il y a des vallons plus ouverts avec des rivières à l’eau transparente rien qu’en les regardant, elle me régénère. Heureusement Laetitia sera très efficace pour venir souvent me retrouver. dans ma tête je suis très positif et je passe beaucoup de temps à me motiver. Je suis compétiteur et supporter en même temps.
Fin de la journée, 48,630 kilomètres pour 10 heures 52 et 929 de D+ ainsi que 1029 de D-.
Demain étape reine qui comptera plus de 50 kilomètres, la réussite passe par l’effort debout 3 heures 30.
* Mardi 14 mars, depuis quelques jours, les nuits me permettent une bonne récupération, même si elles sont un peu courtes. Départ à la lampe frontale, c’est particulier. La lune m’accompagne pour les premiers pas et bientôt j’accueille le soleil. Je pensais que le parcours serait un peu moins sévère avec moi mais les montées infernales se poursuivent. Je les avalent sans broncher, ma motivation est grande et une douce joie commence à m’envahir car je sais que j’arriverais coûte que coûte à Alcoutim.
J’effectue ma pause de midi après 32 kilomètres devant un panneau annonçant Alcoutim 24 kilomètres, une bagatelle en comparaison à ce qui est derrière moi. Je repars et cette fois-ci le terrain plus facile me permet de courir souvent.
Enfin le dernier point de ravitaillement avec Laetitia avant l’arrivée. Je n’en peu plus des baskets qui frottent sur mes ampoules, j’ai envie de terminer dans un état de grâce. Alors pour les 8 derniers kilomètres je chausse mes sandales Keen dont la lanière passe juste au-dessus des ampoules. Je peux me le permettre car je termine par une belle piste qui descend sur le fleuve Guadiana. Quant aux tendons, ils me laissent tranquille donc tout va bien et je peux profiter pleinement de ces derniers kilomètres avec légèreté même si je me fais surprendre par la nuit.
Une ombre, c’est Laetitia qui me rejoint pour les trois derniers kilomètres.
Les lumières, la ville, le panneau indiquant Cabo Vicentina 300 kilomètres, traversée du centre, une place, une ruelle en descente et à la vue du fleuve, les premières larmes. Le fleuve est à mes pieds et en face de moi c’est l’Espagne. J’ai terminé, j’ai réussi. Etreintes, joie, larmes.
Pour cette journée 57,880 kilomètres en 11 heures et une minute.
J’ai tout dis ou presque...
Ce défi c’est une victoire à deux, car sans l’assistance efficace de Laetitia c’était impossible.
Elle fut pendant ces 8 jours :
- Conductrice infaillible et habile pour sillonner sur les petites routes et trouver les hameaux où passe le GR.
- Cuisinière efficace pour que j’ai toujours le choix entre du salé ou du sucré.
- Masseuse émérite pour soulager les cuisses.
- Soigneuse chevronnée pour régler tous mes bobos.
- Coach expérimenté pour me motiver et faire confiance en ma réussite.
- Attentive à la moindre défaillance au plus petit problème. Tout cela pas facile quand le vieil ours fatigué, aux muscles raides gronde d’une voix sourde, elle sait qu’il faut temporiser et accepter car elle compatit à ce que je vis.
Si aujourd’hui on me dit bravo champion, ces félicitations sont aussi pour toi.
C’est la victoire d’un couple, c’est la victoire de l’amour de la vie qui dans nos coeurs danse.

A suivre pour découvrir la richesse de mon vécut.
Merci beaucoup,🤩
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Merci Thierry, effectivement sans l’assistance pour moi c’était pas réalisable. C’est un travail qui demande rigueur et adaptation rapide. La complicité est effectivement importante, savoir ce que l’autre veut sans avoir besoin de parler.
Encore aujourd’hui moi-même je suis ébahis !
Amitiés
Pascal
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Quelle belle conclusion …… aussi 😊
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Très belle conclusion pour un défi qui n’aurait pu être accompli sans assistance technique, routière, alimentaire, médicale et psychologique. Ton hommage Pascal, à Laetitia est beau mais tout indiqué.
Alors, BRAVO à tous les deux car vous avez fait preuve d’une complicité efficace !
L’alignement des chiffres de performance n’en est que plus impressionnant.
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