Défi 70 ans, au-delà de l’effort !

Défi, effort et incidence.

Après ce défi, je m’interpelle sur l’effort de longue durée.

Fréquemment, les personnes qui repoussent leurs limites parlent de douleur, de souffrance ; j’expliquerais cela par une difficulté musculaire à dépasser qui ouvre à une spiritualité.

Je sais que ce mot fait peur et nombreux craignent qu’il cache l’enfermement religieux ou l’intégration à une secte.

La spiritualité au sens philosophique représente ce qui est indépendant de la matière.

Depuis plus de 30 ans, je pense qu’il est nécessaire pour équilibrer sa vie de ne pas s’immerger dans un monde matériel, qui nous confine dans les désirs du pouvoir et de l’avoir et qui n’offre pas de paix intérieure.

Voici l’histoire intime de l’effet de l’effort et du dépassement du mur physique que j’ai vécu lors de ce défi.

Pour une bonne compréhension, je propose un rapide tour d’horizon.

Tout d’abord, j’ai toujours été sportif même si dans certaines périodes j’ai laissé en jachère cette capacité pour parvenir à peser le quintal.

Ensuite dans mon existence j’ai souvent aimé prendre le chemin que les autres ne suivaient pas, partir sur des parcours originaux. J’ai généralement osé la folie comme quitter une entreprise nationalisée avec sûreté de l’emploi pour m’aventurer sur une voie sans visibilité.

Il suffisait que mon entourage me dise, tu ne vas pas y arriver, je me battais alors pour prouver le contraire que ce soit dans le domaine professionnel, ma vie privée, sociale ou mes loisirs.

J’ai prononcé le mot « se battre ». Ce n’est pas d’une lutte avec les autres dont, je parle, mais avec soi-même ; ne serait-ce pas déjà de la spiritualité ? Cela inspire l’effort et découle de ce mot à deux syllabes, les idées de douleur, de souffrance. 

Quel que soit le type de pratique que l’on choisit, le sport, le dessin, la musique, l’écriture… si l’on veut acquérir des capacités, s’améliorer et s’instruire advient le moment où l’on se trouve face à un mur. Ce mur qu’humainement on nommera difficulté, on le retrouve dans le quotidien de la vie, pour éviter de tomber dans une certaine détresse, il est indispensable d’avoir la faculté de le transcender.

C’est à ce moment que l’expression « j’en bave » prend tout son sens.

À ce stade, deux solutions se présentent, soit on jette l’éponge, car le problème peut paraître trop important, soit on persévère, on repousse ce mur et on progresse jusqu’à une nouvelle rencontre avec celui-ci. 

Avec les années, j’ai pris goût à ce jeu.

Me voici en cette année 2023 prêt à acquérir un nombre avec un zéro. Le passage d’une dizaine dans ma vie a souvent été marqué par des événements majeurs, 

La quarantaine : changement de vie professionnelle.

La cinquantaine : décès de mon épouse.

La soixantaine : alors que je vivais seul, rencontre improbable avec Laetitia.

Pour la septantaine si la vie me propose une surprise, je l’accepterais, mais je prends le taureau par les cornes et je décide de me lancer plusieurs défis, dont celui que je viens d’effectuer.

Mais pourquoi faire ces défis ?

Je souhaite me prouver que : 

— Je suis encore capable d’avoir une activité physique intense et je peux repousser mes limites.

— Ma persévérance, mon opiniâtreté ne sont pas amoindries, ne s’effilochent pas avec le temps.

— Je peux me divertir et avoir du plaisir en faisant des activités qui sortent de l’ordinaire.

J’ai toujours pensé que si on veut que la vie soit passionnante, y mettre un brin de folie est indispensable.

J’ai répondu positivement physiquement et psychologiquement aux trois questions, je suis comblé d’un bien être total.

Voici la deuxième chose qui me pousse vers ces défis.

Trop souvent, j’entends dans la bouche de personnes de mon âge, voire plus jeune ces expressions :

« Il ne fait pas bon vieillir ».

« Avec l’âge, je n’y arrive plus ».

Enfin, l’âge devient l’argument de poids pour laisser s’envoler aux calendes grecques l’idée d’activité intense, de passion, de réaliser des rêves ou tout simplement de peindre sa vie de couleurs vives.

D’où ces autres réflexions :

« Ce n’est plus de mon âge ».

Demandez-vous pourquoi.

 » C’est bon pour les jeunes ».

Jeune, est-ce juste une histoire de date de naissance ?

Et la liste peut être interminable.

L’âge est le moyen de s’installer des limites de tous les côtés, physiques, intellectuelles, artistiques. Pourtant j’ai connu une dame qui s’est mise à apprendre le piano à plus de 80 ans.

Ne devrions-nous pas agir préventivement et apprécier nos capacités ?

Car nous avançons sur le chemin de la vie alors que tant d’autres n’y parviendront jamais.

Alors avec humilité j’ai juste envie de démontrer qu’avec l’âge on peut encore introduire beaucoup de musique dans sa tête pour faire danser son cœur.

Je peux affirmer que physiquement j’ai progressé entre mes soixante ans et soixante-dix ans. Les voyages m’ont permis un épanouissement de l’esprit et je suis surpris par un certain nombre de facultés que j’ignorais, comme l’écriture.

J’ai la sensation d’accéder à un col et se présente à moi un panorama merveilleux dans lequel je peux évoluer et créer une multitude d’aventures.

L’image qui me vient, je te la partage ami lecteur ; je vois la vie comme une vallée. Une fois explorée, une brèche entre deux falaises se présente avec une  sublime porte en bois sculpté que l’on décide d’ouvrir ou non. Je la pousse avec inquiétude et excitation. Selon notre état d’âme le panorama sera différent. Chaque passage que je franchis m’offre une abondance d’expériences qu’en tant qu’humain nous nommerons négative ou positive. Mais dans tous les cas, elles me font grandir pour me diriger vers la suivante qui va m’octroyer le droit de m’engager dans une nouvelle vallée enchantée où la vie se poursuit. Un chemin illuminé par le soleil serpente, il est fleuri, les oiseaux chantent et les arbres majestueux partagent leur puissance. Cela me rend amoureux de l’univers !

Et comme tout amoureux, je suis emporté dans un flot de douces folies qui me permet tous les jours d’embrasser la vie.

Mais il est vrai que dans notre société, l’amour est réservé à la jeunesse.

Pour moi, la vie c’est un amour perpétuel pour l’autre, pour la flore, la faune, le soleil, la lune, les étoiles ; cet amour conduit à l’émerveillement qui est un gage de jeunesse, hors date de naissance.

  Jeune, vieux, quel sens cela peut avoir ? N’est-ce pas un moyen de créer des clans et de diviser ? Il est amusant ou déplorable d’observer les conflits de générations que beaucoup considèrent comme normaux, je pense que la vie est un art avec des subtilités, comme pour lire un tableau.

Alors ne serions nous pas là pour nous enrichir les uns et les autres ? Sur cette planète n’avons-nous pas tous un but identique à atteindre dont on ignore l’instant ? Ces temps modernes méprisent les vieux, rejettent le vieillissement, mais qu’est-ce que tout cela veut dire ? Est-ce que nous ne détournons pas le sens des mots ? Et ne serait-ce pas plutôt judicieux de parler de sagesse qui nous permet de traverser les années avec fraicheur ? Dans mon livre « Lever de soleil sur la vie » je raconte l’enrichissement mutuel que nous avons eu avec les jeunes placés sur la ferme.

 Je souhaite au travers de ce défi, avoir redonné à certaines ou certains l’envie de remettre de la musique dans sa tête pour chaque matin danser avec la vie.

Changez votre regard, portez-le au-delà de l’horizon imposé par le système, cela demande d’oser, de fournir un effort, de ressentir douleur et souffrance, mais ces mots ont-ils leur sens exact dans le cadre d’une idée de progression ou d’amélioration ?

Mike Horn dit :

« L’entraînement commence quand ça fait mal ! »

 Quel sens ont ces mots ?

Si je prends les définitions du dictionnaire, elles me disent ceci.

Douleur : sensation physique ou émotion pénible, désagréable.

Souffrance : état prolongé de douleur physique ou morale.

J’ai vraiment souffert avec des douleurs puissantes quand j’ai eu mon accident de tracteur, au fond d’un ravin avec de nombreuses fractures et le crâne ouvert. 

Cette douleur ou souffrance que connaît tout sportif se trouve sur une autre échelle, car elle nous apporte un contentement intense.

Je parlerais d’une alchimie entre effort, souffrance, rigueur qui donne naissance à la satisfaction. 

Cette douleur physique se dompte, se maîtrise et on finit même par l’aimer, voire l’adopter, car on sait qu’elle permet de progresser, d’évoluer. Elle s’apprivoise et se mérite. La négliger, l’oublier, la refuser, c’est emprunter le chemin de déconvenues ou de déceptions encore plus pénible, voire éprouvant.

Quand je suis dans une activité telle que la randonnée, le footing, la marche ou le voyage à vélo, j’ai ce besoin à un moment d’engager mon corps, de me faire mal, de repousser toujours plus loin le mur de l’effort. J’en bave pour être dans la réussite et parvenir au succès personnel qui donne un équilibre intérieur. Cela permet de se retrouver avec soi-même, avec une force intime et immatérielle, dans un état de sérénité, que certains nommerons spirituelle, mysticisme, nirvana. Peu importe le mot, c’est l’état d’être qui me passionne et pour lequel je ne trouve pas de mots.

Pendant ce défi, j’ai ouvert mon regard, mon cœur, je me suis libéré de certains sentiments négatifs et j’ai amélioré l’harmonie de vie avec moi-même. 

L’effort est un puissant antidépresseur qui stabilise l’humeur.

Après plusieurs heures de course, la tête se vide et l’effort mène à la méditation.

J’ai eu le temps d’observer mon égo qui m’incitait à des pensées de mécontentement ou de colère envers des personnes ou des situations. C’est uniquement de l’orgueil ou de la vanité et je me suis posé la question : est-ce vraiment la dispute, le conflit, que je veux ? Ma réponse intérieure était claire, NON.

Mon mental tentait lui de m’entraîner dans la spirale douloureuse de sentiment de regret ou de rancune, là aussi je prenais conscience que ce n’était pas mon choix profond. Ou encore, il me poussait à douter et à m’enfermer dans des suppositions qui ne peuvent qu’aider à alimenter le courroux de l’égo.

À ce moment, la bataille ne se passe plus avec ma musculature, mes tendons ou mes ampoules. Cela devient une bataille avec moi-même, plus subtile, plus complexe. La longueur de l’effort conduit à une victoire qui n’est pas acquise, mais qui ouvre les portes de la sagesse, de la paix intérieure, de l’émerveillement.

Socrate disait :

« La sagesse commence dans l’émerveillement. »

Voilà pourquoi ce défi ne sera certainement pas le dernier.

Je n’ai qu’une envie, vous inviter à danser avec la vie, réaliser vos rêves, mettre de la folie dans votre vie et cela, quel que soit votre âge.

Après ce léger passage philosophique me restent quelques questionnements :

Combien de temps aurais-je pu continuer ?

Jusqu’où aurais-je pu pousser mon corps ?

De quoi est capable mon mental ?

Je sais qu’avec un SI on met un éléphant dans un touk touk, mais comment se serait passée ma course sans les douleurs aux tendons ? Car en moi, je ressens une condition physique assez incroyable. Les jours qui suivent, point de courbature ni de réelle fatigue.

Encore une interrogation :

Tous les conseils disent tendinites égal arrêt de toute activité sportive, je pars avec deux tendinites en boitant sèchement. Laetitia me soigne avec des cataplasmes d’argile chaque soir et je termine après 300 kilomètres à ne plus avoir mal.

Serait-ce la puissance de la pensée ? Comme en parlent Aristote, Marc Aurèle et d’autres.

De retour je m’octroie une journée de repos, puis les jours qui suivent je fais du vélo entre 30 et 40 kilomètres sur des pistes avec des pentes variant de 12 à 16 %. Ce dimanche j’ai repris avec un léger footing accompagné de Laetitia et François, 7 kilomètres, les sensations sont très bonnes. Reste encore à soigner un peu les ampoules pour les épargner, je cours avec mes sandales Keen.

Pour moi la vie c’est une perpétuelle aventure ! Osez, essayez !!!

Bientôt, vous allez pouvoir retrouver de nouveaux textes dans la rubrique nouvelle.

Un commentaire sur « Défi 70 ans, au-delà de l’effort ! »

  1. Tout est dit dans cette longue séquence introspective. Merci Pascal de partager ton expérience et tes impressions avec la distance qui convient bien. Sans dogmatisme ni idéologie, juste dans un défi gratuit et bien organisé, tu as pu tester tes limites physiologiques (élevées) et motivationnelles (il en fallait !) et tu sais bien analyser les réactions de ton corps et de ton cerveau.
    C’est un témoignage bien intéressant pour les seniors.
    Bonne récupération !

    Aimé par 1 personne

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