La météo ne se trompe pas, vers 13 heures le ciel se dégage et le soleil n’est plus très loin.
Les jambes sont encore couvertes de cataplasme d’argile, mais voila qu’un harcèlement interne s’élève.
Partir ou ne pas partir ?
Il faut que j’arrive à ressentir ce qui est juste pour moi.
Quelle est la voie du mental et la voie de la sagesse.
Pas facile, la sagesse pourrait me dire qu’il est intéressant de rester au repos et de me soigner encore l’après-midi.
Le mental peut aussi souffler l’idée, vois-tu comme il fait bon au chaud dans ton fourgon, tu te fait bichonner, partir demain matin suffit largement.
La sagesse ne me dirait-elle pas, il te faut repartir, attendre c’est de la paresse et cela va encore être plus dur demain.
Voici un argument qui n’est pas faux.
Le mental peut aussi vouloir jouer au fanfaron et me dire ; alors trouillard tu préfères rester au chaud que de repartir.
A moi de faire la part des choses.
Je sais aussi que si le temps se lève je vais être intenable. De plus, tout sportif dans une compétition, effectue durant un jour repos un minimum d’effort sinon repartir le lendemain est un calvaire.
Monter tranquillement le Foia ce soir, cela représente environ 12 kilomètres. Rien de terrible. Conjointement nous choisissons cette options.

À 14 heures je suis prêt et je m’engage pour traverser le village de Marmelete, avec ses petites maisons bien colorées et enchanteresses.

Après deux kilomètres je quitte le village et au passage salue un démascleur. Nom donné aux hommes qui retirent le liège du chêne.

Je viens de parcourir deux kilomètres et oh! grande surprise mon véhicule corps ne grince point, enfin presque. L’ampoule du pied droit se rappelle à moi et cette nouvelle douleur sur le coup de pied droit se fait sentir particulièrement dans les descentes. Enfin c’est du détail.
Première montée raide, il me reste 11 kilomètres avant le sommet ; j’applique ce que je me disais ce matin :
plaisir et légèreté.
J’aime monter, sentir l’effort, pousser sur les jambes, aidé par les bras et les bâtons. Sentir le coeur s’accélérer sans se mettre dans le rouge. Je suis heureux et aucune douleur n’entrave ce bonheur.
Je monte à un bon rythme, je me sens super bien, je profite pleinement de mon environnement, la bruyère qui borde le chemin et les oiseaux qui par leurs chants m’encouragent, je les en remercie.
Quand je pense que pour une fois nous avions bien programmé les étapes, les ravitos, tout cela n’a plus aucun intérêt. Nous allons évoluer jour après jour, étape par étape. C’est tout à fait cela la vie savoir s’adapter, être souple.
Une vision d’horreur me sort de mes réflexions, la récolte de la culture d’eucalyptus. Tout est saccagé, quand je vois un tel désastre c’est mon cœur qui est blessé.

Dans leurs travaux avec leurs machines le balisage ou tout poteaux indicateurs est cassé et renversé. Je pense que les personnages qui conduisent ces engins ne savent même pas ce qu’est un sentier de randonnée.
Plus loin au milieu de la forêt je verrais un pneu, de l’une des ces machines monstrueuses, abandonné.
Mais aucune critique envers les portugais, j’ai observé le même saccage dans les Vosges.
Je croise une route et j’aperçois Laetitia, je ne suis qu’au cinquième kilomètre, je l’attendais vers le septième. Elle me met un petit coup de bombe froid sur la douleur du coup de pied et sur mon tendon d’Achille du pied droit qui me fait des petits signes, pas obligatoirement amicaux.

Je suis bien chaud, dans mon rythme je ne m’arrêterais pas plus longtemps, maintenant on se retrouve au sommet dans sept kilomètres.
Je me recentre sur mon chemin qui avec une succession de côte bien raide m’offre une jubilation interne.
Je suis à l’abri du vent, il ne fait pas froid et je transpire à grosses gouttes.
J’arrive au niveau des éoliennes mais où sont-elles ? Je les entends, mais ne les distingue point enfin en voici une qui sort du brouillard en me faisant de grand signes d’encouragement. Même si nombreux individus les critiques et parfois elles m’inquiètent quand elle déboussole le sens de migrations des oiseaux, j’aime bien ces grandes dames dans leur mouvement lent, mais régulier. J’y trouve une grâce et une beauté.

Allègrement je poursuit, je regarde ma montre et je me rends compte que je ne suis plus qu’à trois kilomètres du sommet, cela me donne la patate. Le vent commence à souffler mais je ne ressent pas de froid.
Je rejoint une route goudronnée et là il me reste un kilomètre et demi quand tout a coup la masse nuageuse se déchire, du ciel bleu apparaît et le soleil me fait un rapide clin d’oeil avant de disparaitre.
Pour moi c’est un signe positif !
Mais qu’elle est c’est ombre sur le bord de la route ?
Mes copains les cochons, j’ai élevé les mêmes pendant près de 20 ans. Mais en France je n’aurais jamais eu le droit de leur laisser cette liberté.

Du coup je pense à Jacques Brel qui disait : » Les bourgeois c’est comme les cochons plus ça devient vieux, plus ça devient bête, les bourgeois c’est comme les cochons plus ça devient vieux plus ça devient C.. »
C’est mal connaître les cochons à les côtoyer, j’ai constaté l’inverse: plus ils deviennent vieux et plus ils sont malin et affectueux.
Enfin le sommet, Laetitia vient d’arriver, ma montre m’indique :
13 kilomètres pour 611 mètres de D + en 2 heures 55.

Comme la vue est bouchée nous allons déboucher au bistro du sommet une bouteille de bière afin d’arroser ce renouveau.

Dernière question : ai-je été sage ?
L’avenir nous le dira, à demain!
Bien sûr vous le savez Laetitia d’une efficacité époustouflante.
Oui belle montée ou je me suis fait plaisir.
A bientôt
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Pour me soigner Laetitia est d’une conscience professionnelle.
A l’arrivée au Foïa temps couvert et froid, mais le retour du beau temps pour aujourd’hui.
A bientôt
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Heureux de lire que tu es reparti et que la mécanique n’était pas si rouillée !
Temps humide = ampoule, espérons que les brumes se dissiperont bientôt.
En tout cas, merci de nous partager tes impressions.
Bon courage et prends soin de toi !
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Le maillot jaune sur les épaules, des céréales liquides dans le verre et un sourire malicieux qui traduit bien ta satisfaction d’une journée qui finalement se termine bien.
Au passage, bravo également à ta soigneuse qui doit y être pour quelque chose.
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